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PORTRAIT : CATHERINE ST-ARNAUD

PORTRAIT : CATHERINE ST-ARNAUD

PHOTO: Catherine Saint-Arnaud
(@ Dominick Gravel)

Sa personnalité attachante nous frappe immédiatement : le sourire facile, l’attitude posée, qui cache tout de même une grande force intérieure. En outre, la jeune femme, à peine sortie de l’école, se retrouve déjà à la direction artistique d’une série de concerts montréalais. Ah oui ! et elle adore tricoter ! Rendez-vous avec la soprano Catherine St-Arnaud. 

Nous nous retrouvons chez Yïsst, un pub situé dans le quartier Rosemont-La Petite- Patrie, à Montréal. Catherine, pourquoi avoir choisi cet endroit?
C’est un joli pub de quartier, situé tout près de chez moi, et ce quartier je l’aime beaucoup, il est imprégné d’une très belle mixité sociale. Récemment, ma voiture était prise dans la neige et des gens sont spontanément sortis de chez eux pour venir m’aider. On ne se sent pas anonyme ici, bien que chacun respecte l’intimité de l’autre. 

Si je ne m’abuse, vous êtes originaire de Rawdon, n’est-ce pas? 
Oui, en effet. J’ai déménagé à Montréal pour mon admission au cégep. Je me suis bien habituée au rythme de vie montréalais. J’avais envie de la grande ville en arrivant, alors la transition a été facile. 

Quelles sont vos racines musicales? 
Eh bien ! J’ai appris le piano dès l’âge de six ans (j’en ai fait pendant douze ans), puis j’ai participé à un choeur de jeunes filles. J’ai constaté que j’aimais beaucoup chanter. 

Malgré douze années de piano, ce dernier n’a pas retenu votre attention finale. Pourquoi? 
Disons que, le piano et moi, nous avons fait un bon bout de chemin ensemble, mais que le temps était venu de nous séparer. 

Vos parents ont-ils l’oreille musicale? 
Ma mère est choriste. Mon père, lui, joue du rock’n’roll dans le sous-sol. Un jour, ma mère m’a amenée voir un opéra et j’ai beaucoup aimé l’expérience. Tous ces facteurs ont fini par s’unir pour me donner l’envie de poursuivre ma vie en harmonie avec cet univers. 

Et pourtant, quand vous vous êtes inscrite en chant au cégep, vous n’aviez pas comme objectif de faire carrière!
C’est vrai ! À l’époque, je cherchais surtout à m’exprimer et à explorer le monde des arts. Je me voyais faire une carrière d’artiste, ça oui, mais les détails demeuraient vagues. Ma première session universitaire s’est faite en traduction, mais en fin de compte, je me suis aperçue pour de bon que ma voie était en musique. À partir de ce moment, j’ai concentré mon attention en cet art lyrique. Aujourd’hui, je n’imagine pas ma vie sans chant. 

Qu’est-ce qui nourrit le plus votre feu intérieur?
La scène, et sur tout les opéras baroques et romantiques. J’adore jouer des rôles qui m’imprègnent totalement!

Vous avez joué Susanna dans Les noces de Figaro, de Mozart, à l’Atelier d’opéra de l’Université de Montréal. C’est un rôle qui « imprègne », non?
Ah oui, Susanna est un rôle de rêve ! Elle doit être heureuse, triste, forte, coquine, rieuse, et j’en passe. Il s’agit d’un personnage d’une incroyable richesse, qui est, en quelque sorte, le fil conducteur entre tous les personnages. Avoir pu l’interpréter a été un privilège et une remarquable expérience. 

À ce jour, y a-t-il un rôle dans votre carrière (elle est toute récente, mais tout de même…), qui vous a poussée à surpasser vos limites?
Le rôle de Thérèse, dans Les mamelles de Tiresias de Poulenc. C’est une tornade d’émotions en très peu de temps. Elle est une femme, elle est un homme, elle méprise son mari, puis elle veut le surpasser, etc. Il s’agit d’un rôle très difficile, dans lequel il y a beaucoup de mots, un contre-do aigu, des notes graves, un travail de diction impressionnant, et plein d’autres détails. Tout un apprentissage ! 

Malgré votre jeunesse, vous êtes directrice artistique d’une série de concerts gratuits qui se donnent dans des églises du centre-ville de Montréal. Qu’en est-il?
Il s’agit d’Oasis musicale et c’est une série présentée, comme vous l’avez dit, à l’église Christ Church et à l’église Saint-Georges. Je chantais dans le choeur de l’église Christ Church puis, un jour, on m’a demandé de faire partie de l’équipe de programmation de la série, dont les spectacles sont offerts tous les samedis et dimanches après-midi. L’automne dernier, le directeur a quitté son poste et on m’a offert de prendre le relais. J’aime beaucoup ce travail ! J’y rencontre une foule d’artistes brillants et talentueux. 

Deux concerts par semaine, c’est beaucoup. Avez-vous de la difficulté à remplir votre programmation?
Pas le moins du monde ! Il y a tellement de bons musiciens ici, à Montréal, que nous avons même l’embarras du choix. La série fonctionne bien. Et puis, ce peut être très agréable de se promener sur la rue et de se dire : « Tiens, pourquoi ne pas entrer ? Il y a un concert gratuit. » Il faut venir et je lance l’invitation à tout le monde. Les concerts ont lieu les samedis à l’église Christ Church à 16 h 30 et les dimanches à l’église Saint-Georges à 14 h. 

Hors du monde musical, quelles sont vos passions?
J’adore tricoter ! Ma mère aussi, mais plus jeune, j’en avais honte. Aujourd’hui, tricoter et cuisiner me permettent d’intégrer doucement tous ces apprentissages pendant que j’occupe mon esprit à autre chose. 


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