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CRITIQUE- Les Productions Belle Lurette- Verne et Offenbach : une rencontre explosive

CRITIQUE- Les Productions Belle Lurette- Verne et Offenbach : une rencontre explosive

Comme à l’accoutumée, Étienne Cousineau est le maître d’œuvre d’un spectacle qui, en dépit de ses nombreux changements de décors, se déroule avec fluidité et nous réserve des moments de délicieuse folie. Le metteur en scène n’est jamais aussi à l’aise que dans les scènes de débordement collectif, comme dans la fin virevoltante du dernier acte où le gaz circule à plein régime en échauffant les esprits… et les corps. Sa princesse Prascovia à la voix puissante est une redoutable dévoreuse d’hommes qui possède un caractère bien trempé. En plus d’endosser avec gourmandise son rôle travesti, Étienne Cousineau a eu l’idée heureuse de confier Ygène (assistant du docteur Ox, normalement dévolu à un ténor) à Nadine Arnaud-Drouelle, d’une cocasserie absolument irrésistible. Dans le rôle-titre, Étienne Isabel se démarque par son agréable timbre de ténor, sa diction parfaite, l’élégance de son phrasé et le naturel de son jeu. Voilà assurément un artiste appelé à un bel avenir. Outre un chant soigné, le baryton Patrice Côté offre pour sa part un portrait très juste du bourgmestre, aussi bien dans l’atmosphère empesée des premières scènes au rythme alangui que dans les moments débridés.

Des seconds rôles, on retient surtout le Shaoura truculent de Philippe Gobeille, la Lotché haute en couleur de Marie-Pier Chamberland, la Suzel délicate de Frédérique Labelle, le Niklausse attachant de Pierre-Luc Cossette et le Frantz gentiment timoré de Tristan Roy. À cette joyeuse bande se joint un petit chœur de sept chanteurs qui, à défaut de grandes voix, s’amusent avec un plaisir manifeste. Au piano, le fidèle Pierre McLean participe pleinement au succès de cette redécouverte ambitieuse qui prouve une nouvelle fois comment les productions Belle Lurette savent bien servir le « Mozart des Champs-Élysées ».

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Le Docteur Ox de Jacques Offenbach

Production : Belle Lurette
Maison des Arts de Laval, 3 novembre 2019

INT : Étienne Isabel (ténor), Étienne Cousineau (sopraniste), Patrice Côté (baryton), Jocelyne Cousineau (soprano), Nadine Arnaud-Drouelle (soprano), Frédérique Labelle (soprano)
MES : Étienne Cousineau
PIA : Pierre McLean   

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