Critiques

UN WERTHER TOUT EN CONTRASTES… ET UN BEAU SUCCÈS !

UN WERTHER TOUT EN CONTRASTES… ET UN BEAU SUCCÈS !

Depuis quelque temps, L’Opéra – Revue québécoise d’art lyrique propose des « critiques à chaud » des productions d’opéra présentées sur les scènes lyriques d’ici et les diffuse en Facebook live immédiatement après la représentation. Le 25 octobre 2018 dernier, le directeur de la revue, Daniel Turp (DT) donnait l’occasion à Françoise Henri (FH), directrice de la Société pour les arts en milieu de santé, bassoniste et grande opéraphile, de présenter ses vues sur la première production de la saison 2018-2019 de l’Opéra de Québec, le drame lyrique Werther de Massenet. Voici la transcription de cette critique à chaud :

DT : Je suis en compagnie de Françoise Henri, l’une des fidèles collaboratrices de la revue et nous avons assisté ensemble à la troisième représentation de la production de Werther ici au Grand Théâtre de Québec, dans sa salle Louis-Fréchette. Quelle est votre première impression de cette production de Werther
FH : De cet opéra qui est en tout en contrastes et éminemment romantique, dont l’orchestration est très riche et qui exige des personnages de jouer avec finesse et sur plusieurs plans, la compagnie lyrique de notre capitale nationale a offert ce soir une version très intéressante, très touchante à vrai dire. 

DT : Est-ce que je dois comprendre que l’on a donc bien raconté et chanté Les Souffrances du jeune Werther ?
FH : Oui, et l’on sait que l’opéra est effectivement inspiré de l’œuvre de Goethe, cet écrivain qui se posait beaucoup de questions sur l’amour. Dans l’œuvre, il est question d’un amour interdit et déçu, puisque Charlotte est une femme promise à quelqu’un autre. C’est ce qui cause à Werther beaucoup de souffrances et celles-ci sont bien décrites dans la production vue ce soir à l’Opéra de Québec.

DT : S’agissant des interprètes, qu’avez-vous pensé du Werther d’Antoine Bélanger ? A-t-il bien rendu le grand air « Pourquoi me réveiller » ?
FH : Dans cette prise de rôle, qui est l’un des plus exigeants du répertoire, le ténor de Québec a accompli un travail colossal. Son « Pourquoi me réveiller », un air particulièrement difficile, fut très réussi. Et sur le plan dramatique, il a également fort bien traduit la complexité du personnage du poète exalté de Goethe.

DT : Et qu’en est-il des autres interprètes ?
FH : J’ai bien aimé la performance et particulièrement la prestation vocale de Julie Boulianne en Charlotte. On ne peut que constater qu’elle a l’habitude des grandes scènes !

 DT : Qu’avez-vous pensé de la mise en scène de Bruno Ravella, qui fut, à l’origine, celle de la production présentée à l’Opéra national de Lorraine en mai 2018 ?
FH : Il a choisi de moderniser l’opéra et le résultat m’a laissé sur ma faim, particulièrement dans la première partie de la production. Si la mise en scène y est quelque peu statique, il y a un sursaut d’énergie dans la deuxième partie et l’orchestre y est pour beaucoup, car il réussit à illustrer fort bien les égarements et les déchirements de Werther.

DT : Que dire, en définitive, de ce premier Werther de l’Opéra de Québec ?
FH : Il s’agit d’un beau succès. On était en présence d’interprètes de première qualité, dont le jeu fut tout en subtilité. La distribution, dont il importe de souligner qu’elle était entièrement québécoise, fut très égale. On a assisté à un véritable tour de force de chanteurs et de chanteuses qui ont su démontrer de la passion, mais ont fait aussi preuve de réserve. L’Orchestre symphonique de Québec a fort bien accompagné les interprètes et s’est acquitté honorablement de cette tâche de faire apprécier, par la musique et lorsque cela s’imposait, les moments les plus dramatiques de l’œuvre.

Werther

Opéra en quatre actes de Jules Massenet sur un livret d’Édouard Blau, Paul Milliet et Georges Hartmann, inspiré du roman Les Souffrance du jeune Werther de Johann Wolfgang von Goethe

Production
Opéra de Québec
Représentation
Salle Louis-Fréchette (Grand Théâtre de Québec) , 25 octobre 2018
Direction musicale
Jean-Michel Malouf
Instrumentiste(s)
Orchestre symphonique de Québec
Interprète(s)
Antoine Bélanger (Werther), Julie Boulianne (Charlotte), Magali Simard-Galdès (Sophie), Hugo Laporte (Albert), Marcel Beaulieu (Le Bailli), Dion Mazerolle (Johann) et Éric Thériault (Schmidt)
Mise en scène
Bruno Ravella
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