PORTRAIT JEUNE ARTISTE - JONATHAN GAGNÉ
(Photo: Jonathan Gagné. Crédit: Catherine Charron-Drolet)
Finaliste du Concours de musique du Canada et récipiendaire d’un deuxième prix au concours d’art lyrique « La Relève musicale de Québec » en 2015, le jeune ténor Jonathan Gagné étudie présentement à la maîtrise à l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Depuis, il a incarné Matteo Borsa dans Rigoletto de Verdi à l’Opéra de Québec et André Nault dans Louis Riel d’Harry Somers au Festival d’opéra de Québec en 2017, ainsi que le roi Ouf dans L’Étoile de Chabrier lors des célébrations du 125e anniversaire du Château Frontenac et un Messager philistin dans Samson et Dalila de Saint-Saëns à l’Opéra de Rimouski en 2018. Découvrons Jonathan Gagné.
À quel moment la musique est-elle entrée dans votre vie?
Enfant, j’ai commencé à chanter à l’église, au sein de l’assemblée et parfois en chorale « à l’oreille ». Ce n’était rien de formel, mais j’appréciais beaucoup ce contact avec la musique. C’est lorsque j’étais au secondaire que la musique a pris une place plus importante. Avec des amis, nous avons commencé à jouer un peu de rock et à reprendre des chansons des Beatles ; je jouais de la basse électrique. Ensuite, après avoir débuté des études en sciences humaines, j’ai décidé de changer de domaine et d’oser m’inscrire en musique. Au Cégep de Sainte-Foy, j’ai fait la rencontre de personnes qui m’ont donné la piqûre pour la musique classique.
Parlez-nous des rencontres qui ont été marquantes dans votre parcours ?
Au cégep, j’ai rencontré ma première professeure de chant, Danielle Demers, qui m’a partagé son amour pour l’opéra et qui m’a encouragé à envisager une carrière lyrique. J’ai également eu la chance de travailler avec Patrick Brown, metteur en scène pour le cours d’opérette, qui m’a permis d’exploiter ce qu’il trouvait être une aisance naturelle sur scène. Patrick m’a montré que le milieu de la musique classique n’était pas aussi sérieux et rigide que ce que l’on peut croire : il faut que ce soit amusant et que l’ambiance de travail demeure agréable. Alors que je complétais mon baccalauréat à l’Université Laval, j’ai pu travailler avec Michel Ducharme, qui m’a transmis le souci de respecter les différents styles et langages, et qui m’a inculqué la rigueur nécessaire pour m’accomplir en tant que chanteur. Ensuite, j’ai poursuivi ma formation avec Patricia Fournier, qui m’a aidé à perfectionner ma technique vocale et qui m’a poussé à déployer mon registre, opérant une transition me faisant passer de baryton à ténor. Je lui dois beaucoup !
Vous avez commencé la maîtrise cet automne, parlez-nous de cette nouvelle étape ?
Je suis aux anges ! C’est vraiment très enrichissant que de travailler avec un aussi grand nombre de collègues et professeurs passionnés et talentueux ; c’est comme une grande famille. John Mac Master, avec qui j’étudie le chant à McGill, est vraiment très encourageant. Je constate que ce qu’il m’apporte sur le plan vocal commence déjà à porter fruit, ce qui me motive à m’investir encore davantage. Dans le cadre de la production de l’Opéra McGill, j’interpréterai le rôle du deuxième prêtre dans La Flûte enchantée de Mozart et en mars 2019, j’incarnerai le chevalier Ruggiero dans La Liberazione di Ruggiero dall’isola d’Alcina de Francesca Caccini – premier opéra composé par une femme. Je trouve l’oeuvre très intéressante, elle me permet d’aborder le style particulier des débuts du baroque italien, ce qui est relativement nouveau pour moi. Je pourrai mettre en pratique les outils que j’ai développés dans le séminaire d’ornementation baroque donné cet automne par Tracy Smith-Bessette.
Parlez-nous de vos projets en marge du chant lyrique ? Qu’est-ce qu’ils vous ont apporté ?Lors de mes premières années de baccalauréat, je faisais partie d’un band de rock progressif. Il m’est même arrivé de présenter un récital de chant classique en début de soirée et de filer ensuite pour rejoindre mon band dans un bar où nous participions à un concours ! C’est un atout intéressant qui a des retombées là où on ne pourrait l’imaginer. Par exemple, en travaillant l’ornementation baroque, je me suis aperçu que je n’étais pas désarçonné par la part d’improvisation que cela demandait, parce que c’était quelque chose que je faisais beaucoup lorsque je chantais du rock.
J’ai aussi interprété le rôle de Frollo dans la comédie musicale Notre-Dame de Paris de Luc Plamondon présentée à Québec en 2015. Cela m’a permis de travailler un personnage beaucoup plus sombre que ceux que j’avais incarnés jusque-là, et le fait de chanter avec un micro ouvre une perspective différente pour l’interprétation puisqu’il n’est pas nécessaire de déployer toute la puissance de l’instrument. Il devient alors possible de mettre son énergie dans des subtilités fines de la voix en mettant le jeu au premier plan.
Pour terminer, quelles sont vos perspectives d’avenir ?
L’an prochain, je compte auditionner pour des programmes de jeunes artistes en résidence tels que l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, dans le but de poursuivre ma formation après la maîtrise. C’est certain que je rêve d’une carrière à l’international, mais à tout le moins, j’aspire à vivre de ma passion, car c’est ce qui me rend vraiment heureux !