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PORTRAIT: NANCY CLEMAN

PORTRAIT: NANCY CLEMAN

PHOTO: Nancy Cleman
(@ Kant Photo)

Quelques heures à l’opéra lui reposent l’esprit et son amour de l’art lyrique est enraciné dans une jeunesse baignée dans la beauté des arts. Rencontre avec la passionnée Nancy Cleman, avocate et actuellement membre du Conseil d'administration de la Société de la Place des Arts de Montréal.

Madame Cleman, on risque fort de vous croiser aux représentations du Met au cinéma, n’est-ce pas ?
Oh oui. Je suis une fidèle !

Vous avez un amour des arts en général ?
Oui, depuis ma jeunesse. Dès mon plus jeune âge, mes parents m’ont emmenée au théâtre, au ballet, dans les musées. Nous écoutions les émissions musicales de Leonard Bernstein (Young People’s Concerts) également. Les livres étaient aussi très présents. J’ai aussi appris le piano pendant quelques années.

Vous avez tout de même été (et continuez d’être) impliquée bénévolement dans le domaine des arts, non ?

En effet. Je me suis impliquée au Centre Saidye Bronfman et à la Fondation Jean-Pierre Perreault, à la SBC galerie d’art contemporain (SBC Gallery of Contemporary Art), dont je fus la première présidente. J’ai aussi fait beaucoup de bénévolat dans les musées. 

Pourquoi aimez-vous l’opéra en particulier ?
Pour moi, c’est comme des vacances. Même après une journée chargée, même avec un opéra de 3 heures, c’est comme un miracle. Je me repose l’esprit, sans téléphone, sans distraction. Juste la musique, la beauté, et le temps de l’apprécier. C’est un luxe de nos jours : prendre le temps d’apprécier un art. Et l’opéra exige que nous prenions ce temps. Cela redonne le temps à ceux qui ne prennent pas le temps !

Un type d’opéra que vous préférez ?
J’aime particulièrement les histoires simples portées par une musique poignante. Puccini me touche beaucoup. Madame Butterfly, une évidence, mais avec raison. Des émotions tellement humaines, tellement universelles, et racontées avec tellement de simplicité que qu’elles en deviennent transcendantes. On est soufflé, on est intimement connecté avec ce personnage.

Cela dit, j’aime aussi bien d’autres opéras, comme ceux d’Haendel, et quelques opéras modernes, tels Nixon in China de John Adams. J’aime beaucoup les opéras basés sur Shakespeare. Les versions verdiennes d’Otello et Macbeth sont excellentes.

Même quand je n’aime pas un opéra, je suis heureuse de l’écouter. Cela me permet d’apprendre de nouvelles choses. Il m’arrive de ne pas aimer certains opéras contemporains qu’on nous présente, mais je suis quand même heureuse que ce soit fait. Il faut essayer, c’est ce qui permet à l’art de se renouveler.

Vous préférez les mises en scène traditionnelles ou modernisées ?
Si j’aime déjà l’opéra, et que je l’ai probablement déjà vu quelques fois, je peux m’adapter à des transpositions modernes. Si je ne le connais pas, j’ai envie avant tout de le voir dans sa version la plus authentique possible. J’aime commencer par la base quand je m’imprègne d’une oeuvre.

Mais je ne suis pas une experte, loin de là. J’aime l’opéra de façon très instinctive et émotive. Il m’arrive parfois de sortir d’une représentation et de me dire que c’était extraordinaire. Puis, je lis une critique qui dit tout le contraire, et je me dis : « Mais qu’ai-je loupé ? ». 

Quelle est votre production préférée du Met ?
C’est difficile à dire. Celle d’Anthony Minghella de Madame Butterfly où l’enfant est remplacé par une marionnette.

Et l’un de vos plus beaux souvenirs d’un opéra en salle ?
Il y a un Turandot de Puccini que j’ai adoré, c’était à l’Opéra de Montréal – que je fréquente régulièrement d’ailleurs.

Le diffusions du Met nuisent-elles aux opéras traditionnels comme celui de Montréal ?
Je ne le pense pas. Il y a plusieurs personnes qui vont au cinéma et qui n’iraient probablement pas plus dans les salles traditionnelles. En fin de compte, cela fait plus de gens au total qui vont écouter de l’opéra. Ce ne peut être une mauvaise chose. Cela crée un engouement général, duquel les compagnies peuvent profiter, en agissant intelligemment.

À ce sujet, je dois souligner que l’Opéra de Montréal fait un excellent travail en ce sens. Ses campagnes de communication sont bien ciblées, originales et dynamiques. On voit que beaucoup plus de jeunes assistent à ses productions que, disons, 30 ans plus tôt. Et les nombreux partenariats avec la communauté (écoles, organismes communautaires, cercles de jeunes gens d’affaires) donnent de très bons résultats en matière de visibilité et de réputation.

À quoi rêvez-vous pour l’avenir de l’opéra à Montréal ?
J’aimerais qu’il y ait plus de 4 représentations de chaque opéra. Et, bien sûr, plus de productions ! Je vois également des possibilités de maillages intéressants avec le secteur foisonnant des nouvelles technologies. Montréal est en pleine ébullition en ce qui concerne les jeux vidéo, l’intelligence artificielle, les télécommunications, etc. Cette ébullition peut constituer un partenaire intéressant pour un organisme comme l’Opéra de Montréal. Qui sait ce qui peut en ressortir ?


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