OSM – Le concert d’ouverture de la Virée classique avec Pene Pati

Pene Pati, ténor
Spectaculaire nature !
Esplanade du Parc olympique, 13 août 2025
Photographie : Antoine Saito
Pour inaugurer la 14e édition de sa Virée classique et en un 13 août 2025, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) avait choisi de convier à nouveau les mélomanes de la Métropole sur l’Esplanade du Parc olympique. Sur le thème « Spectaculaire nature ! », le chef Rafael Payare avait élaboré un programme présenté comme allant « [d]es Alpes suisses célébrées par Rossini [dans l’ouverture de son opéra Guillaume Tell], au tumulte des vagues avec [La mer de Claude] Debussy, en passant par [la Symphonie de] la Tempête de verglas de [Maxime] Goulet », le deuxième mouvement (« Chaleur »), inspiré par le reel folkorique québécois, ayant été magnifiquement interprété par l’ensemble des pupitres de l’OSM.
À ces trois (3) pièces instrumentales qui ont séduit une foule immense ne s’étant pas laissée décourager par les menaces d’orages (qui ne se sont d'ailleurs pas matérialisées), se sont ajoutées deux autres œuvres s’inspirant elles aussi d’un phénomène naturel pour représenter la Nature dans tous ses états. D’abord, on a pu entendre la finale de la Symphonie n° 2 (« Chants de la Terre ») de Mikis Theodorakis, choisie pour mettre en valeur le pianiste Godwin Friesen, qui l’aurait davantage été s’il n'avait pas dû se réfugier au fond de la scène avec son instrument. D’aucuns auront pu trouver bien longues les 13 minutes de ce mouvement, mais on ne saurait guère en faire le reproche au pianiste, dont l’interprétation et la technique se sont avérées irréprochables. Mais, pour le soussigné, c’est la pièce Kauyumari de la compositrice Gabriela Ortiz, que le chef Payare a eu le mérite de faire découvrir au public montréalais, qui aura suscité le plus d’intérêt. Faisant référence au cerf bleu, un guide spirituel dans la culture Huichol qui symbolise la transformation et un nouveau départ, cette pièce, que vous pourrez entendre ici et dont le rythme rappelait parfois Le Boléro de Maurice Ravel, aura permis à l’OSM d’en extraire les plus belles couleurs et d’en transmettre une certaine magie.

Rafael Payare
Directeur musical de l'Orchestre symphonique de Montréal
Spectaculaire nature !
Esplanade du Parc olympique, 13 août 2025
Photographie : Antoine Saito
Mais pour les fous d’opéra et les amatrices d’art lyrique, c’est la présence du ténor Pene Pati qui valait assurément le déplacement, surtout pour ceux et celles qui n’avaient pas eu la bonne idée d’aller l’entendre lors de son premier passage dans la Métropole lors du récital donné par le natif des Îles Samoa à la Société d’art vocal de Montréal. Les attentes étaient grandes, d’autant que on le compare souvent à l’incomparable Luciano Pavarotti. Ces attentes auront toutefois été quelque peu déçues, car le chanteur samoan ne pouvait dissimuler une fatigue vocale résultant sans doute d’un calendrier estival trop chargé, les lyricomanes ayant pu l’entendre durant l’été 2025 au Festival d’Aix-en-Provence dans Les Pêcheurs de perles, au Festival de Salzbourg dans Mitridate et au Festival d’opéra des Arènes de Vérone dans Rigoletto.
En dépit d’une diction française impeccable, l’interprétation de l’air « Ah Lève-toi, soleil ! » de Roméo et Juliette de Charles Gounod aura été révélatrice de cette fatigue, les aigus glorieux n’étant pas cette fois au rendez-vous. Si son « Che gelida manina » de La Bohème passait la rampe sans toutefois impressionner, le public aura pu reconnaître l’immense talent de l’artiste dans sa prestation du célébrissime air « Nessun Dorma » tiré de l’opéra Turandot. Mais, pour ceux et celles qui auront entendu l’interprétation de cet air dans l’enregistrement paru sous étiquette Warner Classics et réalisé avec l’Orchestre national de Bordeaux Aquitaine, que vous pouvez visionner ici, l’on ne saurait douter de la beauté de la ligne du chant et d’un timbre au sujet duquel le critique Pierre Degott a affirmé dans Res Musica, en commentant cet enregistrement – et avec raison –, qu’il était à « couper le souffle ».
L’OSM et son chef ont terminé la soirée sur une note lyrique en offrant en rappel la Marche hongroise de l’opéra La Damnation de Faust, un clin d’œil au début d’une saison 2025-2026 qui s’ouvrira avec une version de concert de l’opéra de Berlioz. Un évènement à ne pas manquer en raison notamment de la présence de la mezzo-soprano Karen Cargill, si lumineuse dans son rôle de Brangäne dans la mémorable version de concert de Tristan und Isolde dirigée par Yannick Nézet-Séguin au Festival de Lanaudière le 3 août 2025 dernier.

Rafael Payare et l'Orchestre symphonique de Montréal
Spectaculaire nature !
Esplanade du Parc olympique, 13 août 2025
Photographie : Antoine Saito
Spectaculaire nature ! Grand concert gratuit à l'Esplanade du Parc olympique
- Production
- Orchestre symphonique de Montréal
- Représentation
- Esplanade du Parc olympique , 13 août 2025
- Direction musicale
- Rafael Payare, chef
- Interprète(s)
- Pene Pati, ténor
- Pianiste
- Godwin Friesen