CRITIQUE - Orchestre symphonique de Montréal - Des Rückert-Lieder de Mahler par Sonya Yoncheva : Une certaine indifférence
Sonya Yoncheva avec l'Orchestre symphonique de Montréal
Photographie : Antoine Saito
Pour les lyricomanes, chaque saison de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) - comme c’est aussi le cas pour l’Orchestre Métropolitain, l’Orchestre symphonique de Québec et Les Violons du Roy - donne l’occasion d’entendre, ou de découvrir, des interprètes lyriques de la scène mondiale. La saison 2022-2023 aura notamment permis de voir sur la scène de la Maison symphonique la mezzo-soprano écossaise Karen Cargill dans la Symphonie no2 (Résurrection) de Gustav Mahler lors du concert d’ouverture de l'OSM et d’apprécier l’immense talent de la soprano canadienne Barbara Hannigan dans de œuvres de Ligeti et Claude Vivier en décembre 2022.
C’est la soprano Sonya Yoncheva qui était le 30 mars dernier l’invitée de l’OSM et de son chef Rafael Payare et à qui on avait confié le soin de chanter également du Mahler. Arrivant de New York où elle avait annulé quelques jours auparavant sa participation à la production de Norma dont elle tenait le rôle-titre au Metropolitan Opera, l’artiste bulgare n’était peut-être pas dans le meilleur des esprits et la meilleure forme vocale pour ses prestations montréalaises. Ce qui caractérisera son interprétation est une certaine indifférence, une émotion trop absente, si nécessaire pourtant pour émouvoir un public venu en grand nombre tant à la première qu’à la seconde représentation du concert. Chanter les Rückert-Lieder comme on chante le répertoire belcantiste pour lequel elle est, à juste titre, réputée, ne sert pas ce magnifique cycle de mélodies allemand.
Sans faire preuve de trop de chauvinisme, il est difficile de ne pas comparer cette prestation à celle donnée en 2017 par notre contralto nationale Marie-Nicole Lemieux avec l’Orchestre symphonique de Québec ou avec l’enregistrement de ce cycle par cette dernière dernière avec le pianiste Daniel Blumenthal sur le label Cyprès.
Heureusement, le concert a débuté avec l’Heroische Ouvertüre (Ouverture héroïque) de la compositrice post-romantique allemande Johanna Müller-Hermann et se terminait avec Ein Heldenleben (La vie de héros) de Richard Strauss, où le chef Rafael Payare a démontré que l’OSM est bel et bien devenu son orchestre et qu’il nous réserve pour l’avenir de grands moments de musique.
D’ailleurs, le chef de l’OSM nous offrira en fin de saison l’occasion d’entendre Michelle de Young dans la Symphonie no 3 de Gustav Mahler lors du concert de clôture de la formation orchestrale donné le 31 mai prochain. Il est à espérer que la mezzo-soprano américaine sera à la hauteur de cette autre grande œuvre dont l’OSM rappelle qu’elle « commence avec la nature inanimée et s’élève jusqu’à l’amour de Dieu ».
Rafael Payare dirige Une vie de héros
Müller-Hermann : Heroische Ouvertüre. Mahler : Rückert-Lieder. Strauss : Ein Heldenleben.
ORC : Orchestre symphonique de Montréal
- Production
- Orchestre symphonique de Montréal
- Représentation
- Maison symphonique de Montréal , 30 mars 2023
- Direction musicale
- Rafael Payare
- Interprète(s)
- Sonya Yoncheva (soprano)