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CRITIQUE - Teatro dell’Opera di Roma- Une production des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc à retenir… et à chérir !

CRITIQUE - Teatro dell’Opera di Roma- Une production des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc à retenir… et à chérir !

Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc
Teatro dell’Opera di Roma, 2022
Photographie : Fabrizio Sansoni

NDLR : La traduction française établie par le directeur de la revue Daniel Turp est suivie ci-après de la version originale anglaise rédigée Caterina de Simone et la traduction italienne approuvée par cette dernière.

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Au cours des dernières années, le Teatro dell’Opera di Roma (Opéra de Rome) a défié le Teatro alla Scala (Scala) - plus connu et, d'une certaine manière, plus conservateur - en associant des opéras moins joués à des mises en scène efficaces. Quelques semaines séparent généralement les représentations de la saison d'ouverture à Rome et à Milan. Fin novembre 2022, la première des Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc a mis en scène toutes les forces vives du théâtre romain après plus de 30 ans d'absence.

Dans la fosse, le nouveau directeur musical de l’Opéra de Rome, le maestro Michele Mariotti, qui a connu une ascension fulgurante grâce à la perspicacité de sa direction d'orchestre dans tous les grands opéras et festivals européens, a également été présenté. 

Comme l’Opéra de Rome l’avait fait pour L'ange de feu de Prokofiev en 2019, la mise en scène de nouvelle production d’ouverture de la saison, ces Dialogues des Carmélites, a été confiée à Emma Dante. Connue en tant que dramaturge, celle-ci dispose d’une belle feuille de route dans la mise en scène d'œuvres dramatiques. Elle s'est tournée vers l'opéra lorsque Daniel Baremboim l'a choisie pour l' « inaugurazione » de la saison 2009 à la Scala. Son interprétation de Carmen a été à la fois acclamée et huée, mais depuis, elle est devenue l'une des metteures en scène les plus recherchées. 

Pour ses Dialogues des Carmélites, Francis Poulenc s'est basé sur le scénario de Georges Bernanos, qui n'est finalement sorti au cinéma qu'en 1960, alors que le compositeur avait déjà assisté aux débuts de son opéra en 1957 après avoir reçu une commande de la Scala. Dommage que le livret ait été mal traduit : six mois plus tard, la version originale française était créée à Paris, suscitant des avis divergents quant à la partition non avant-gardiste et au manque de modernisme. Considéré 60 ans plus tard comme un véritable chef d’œuvre, l’opéra les Dialogues des Carmélites demeure l'un des rares opéras d'après-guerre qui est toujours joué sur les scènes du monde entier.

S’agissant de mise en scène, c'est l'une de ces pièces où l'approche agnostique d’Emma Dante s'est avérée extrêmement efficace et intense. Sans aucun doute, la qualité dramatique de sa création performative est excellente, car elle a l'habitude de travailler avec sa propre équipe qui fournit les décors, les costumes et les actions chorégraphiées. Ce qui est encore plus impressionnant, c'est sa capacité à transformer les interprètes en acteurs et actrices de haut niveau grâce à un processus de répétition détaillé. 

Ici, la vie des religieuses a un arrière-plan, comme si l'histoire des 16 Carmélites guillotinées pour ne pas avoir renoncé à la religion catholique pendant la Terreur de la Révolution française commençait avant la prononciation de leurs vœux. La première scène montre 16 cadres à taille humaine présentant des portraits de jeunes femmes d'après des tableaux de Jean-Louis David, un retour en arrière (flash-back) clair qui renoue avec ce qu'elles étaient avant leur renoncement au monde extérieur. Les mêmes cadres reviennent dans la scène finale lors de l'atroce Salve Regina, chaque nonne se tenant debout à la place de sa propre image jusqu'à ce qu'un tissu blanc tombe devant elle, symbolisant l'exécution. 

Les costumes montrant la vie au couvent font penser à ceux que revêtent les membres d’une société secrète. Ils ressemblent aussi à des armures et donnent aux nonnes l'air de guerrières. Une planche à repasser géante est l'endroit où elles effectuent leurs tâches quotidiennes et devient plus tard le lit de mort de la vieille prieure. Quelques objets seulement contribuent à créer l'atmosphère et ajoutent une solide qualité dramatique à l'intensité de la partition. Le point fort d'un tel spectacle est sans aucun doute la compréhension mutuelle entre la partie visuelle et la partie musicale. Comme un courant émotionnel partant de la scène et de la fosse et atteignant ainsi le public, la musique tonale de Poulenc s'écoule, récitatifs après récitatifs, nous touchant et nous amenant même à nous interroger sur la vie et la mort, sur les choix que nous devons faire et que nous avons souvent peur d’effectuer.  

Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc
Teatro dell’Opera di Roma, 2022
Photographie : Fabrizio Sansoni

Ce flux ininterrompu s'épanouit principalement grâce à la baguette de Michele Mariotti et à sa direction magistrale et détaillée, associée à son utilisation des nuances. L'immense orchestre maison est au mieux de sa forme et suit les apports de la fosse, atteignant ainsi des sommets de transparence et de puissance dramatique. De plus, l'attention portée à chaque phrase chantée et le soutien à l'ensemble de la distribution sont pleinement réalisés tout au long de la représentation. Tous les échos suggérant l'influence de Pelléas et Mélisande de Debussy sont clairement audibles et la diction française est également très précise, tant pour les personnes francophones que non francophones de la distribution.

Corinne Winters incarne la névrosée et fragile Blanche de la Force, son soprano charmant dépeignant les tourments d'une jeune femme qui cherche encore sa place sur Terre. Elle rivalise d'intensité avec l'imposante Anna Caterina Antonacci, la vieille prieure qui lutte contre la mort tout en doutant de son destin.  La partitura est légèrement trop basse pour elle, mais son interprétation de la scène de la mort est comme un coup de poing dans l'estomac.

À côté d'elles, Ekaterina Gubanova est une Mère Marie imposante dont le dernier récitatif montre tous les doutes féminins ajoutant de l'humanité au personnage, tandis qu'Emoke Baràth est une Constance pleine de vie, sa voix pénétrante et sonnante étant l'exact contraire de l'incertitude de Blanche. Ewa Vesin incarne une Madame Lidoine terrestre dont la grande force apparaît dans son aria final. 

La distribution masculine complète fort bien ce groupe d'artistes bien rassemblées. Jean-François Lapointe est un marquis de la Force plein d'âme, dont le timbre de velours traduit toutes les inquiétudes d'une société au bord de l'effondrement et les craintes paternelles pour l'avenir de sa fille. 

Jean-François Lapointe (Marquis de la Force) et Corinne Winters (Blanche de la Force)
Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc
Teatro dell’Opera di Roma, 2022
Photographie : Fabrizio Sansoni

Bogdan Volkov est un Chevalier de la Force passionné dans ses deux scènes également, mais surtout dans sa tendre supplique à Blanche. 

Le chœur, sous la direction du maestro récemment nommé, Ciro Visco, a chanté un Ave Maria impressionnant et a contribué au succès de la représentation.

Ce que nous n'oublierons pas facilement, c'est néanmoins le Salve Regina final, Mariotti ajoutant pathos et gravité à l'un des moments les plus émouvants de toute l'histoire de la musique moderne : ce fut une soirée lyrique et une production à retenir... et à chérir. 

Dialogues des Carmélites de Francis Poulenc
Teatro dell’Opera di Roma, 2022
Photographie : Fabrizio Sansoni

DIALOGUES DES CARMÉLITES opéra de Francis Poulenc, sur un livret d’après la pièce de Georges Bernanos
PRODUCTION : Teatro Dell'Opera di Roma, 27 novembre 2022
INTERPRÈTES : Jean-François Lapointe (Marquis de la Force), Corinne Winters (Blanche de la Force), Bogdan Volkov (Chevalier de la Force), Anna Caterina Antonacci (Madame de Croissy), Ewa Vesin (Madame Lidoine), Ekatarina Gubanova (Mère Marie de l’Incarnation), Emöke Barath (Soeur Constance de Saint-Denis), Irene Sabignano (Mère Jeanne de l’Enfant Jésus), Sara Rocchi (Soeur Mathilde), Krystian Adam (L’aumônier du Carmel), Roberto Accurso (Officier), William Morgan (Le Commissaire), Alessio Verna (Le Geôlier /Le Commissaire), André Ganchuk (Thierry/Javelinot)
DIRECTON MUSICALE : Michelle Mariotti
ORCHESTRE ET CHOEUR : Orchestra e Coro Del Teatro Dell’Opéra di Roma
MISE EN SCÈNE : Emma Dante

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ENGLISH VERSION (VERSION ANGLAISE)

REVIEW- Teatro dell’Opera di Roma
Dialogues des Carmélites : a real ‘’soirée’’ to remember and treasure.

In recent years the Opera di Roma has challenged the more well-known and in a way more conservative Teatro alla Scala pairing less performed operas to effective stagings.

Besides a few-week time-span usually separates the opening season performances in Rome and Milan. In late November Francis Poulenc’s Dialogues des Carmélites premiered displaying all major forces in the Roman theatre after over 30 years absence.

In the pit it also showcased the new musical director, Maestro Michele Mariotti who’s been rising to stardom thanks to his insightful conducting in all major European opera houses and festivals. 

Emma Dante was appointed for the staging, once more entrusted with the season opener just like in the 2019 production of Prokofiev’s The Fiery Angel. Ms. Dante has a pretty solid career in drama staging and is also quite well known as a playright. She eventually turned to opera when Daniel Baremboim chose her for the “inaugurazione” at La Scala in 2009. Her take on Carmen was both acclaimed and booed but ever since she’s become one of the most sought-after directors. 

Francis Poulenc based his work on Georges Bernanos script which was eventually released as a film only in 1960, in the meanwhlile the composer had already seen his opera’s debut in 1957 after being commissioned the piece by the Teatro alla Scala. Too bad that the libretto was poorly translated: six months later the original French version premiered in Paris to divergent opinions regarding the non-avant-garde score and lack of modernism. Sixty years later the Dialogues des Carmélites is considered as a true masterpiece and it’s one of the very few post-war operas still surviving on worldwide stages.

Speaking of staging this is one of those pieces where Ms. Dante’s agnostic approach has proved extremely effective and intense. Doubtlessly the dramatic quality of his performative creation is excellent as she’s used to working with her own team providing scenery, costumes and choreographed actions. What is even more impressive is her ability to transform the singers into consummate actors through a detailed rehearsing process.

Here the nuns lives have a background, as if the story of the 16 Carmelites guillotined for not renouncing the Catholic religion during the Terror in the French Revolution starts before taking the vows. The first scene shows 16 human sized frames presenting portraits of young women after Jean-Louis David paintings, a clear flashback reconnecting with what they used to be prior to their renounce to the exterior world. The same frames return in the final scene during the excruciating Salve Regina, each nun standing instead of her own picture until a white cloth drops in front of her symbolizing the execution. 

The costumes showing the life in the convent hint at some sort of secret society, they’re more like armours and make the nuns look like warriors. A giant ironing-board is where they perform their daily tasks and later it becomes the Old Prioress death bed. Just a few objects contribute to create the atmosphere and add a solid dramatic quality to the intensity of the score. No doubt the strong point of such a performance is the mutual understanding between the visual and the musical part. Like an emotional current flowing from the stage and the pit thus reaching the audience, Poulenc’s tonal music flows, recitatives after recitatives, touching us and even making us wonder about life and death, choices we need to make and are often afraid of making.

This unstoppable flow flourishes mostly because of Michele Mariotti’s baton and his masterly detailed conducting joined to his use of dynamics. The huge home orchestra is at the very best and follows the inputs from the pit thus reaching peaks of either transparency and powerful drama. What’s more the attention to every single sung phrase and the support to the whole cast is fully achieved throughout the whole performance. All echoes suggesting Debussy’s Pelléas et Mélisande influence are vividly heard and the French diction is also very accurate both in the French speaking and non-French speaking elements of the cast.

Corinne Winters is the neurotic, frail Blanche de la Force, her charming soprano portraying the torments of a young woman still looking for her place on Earth. She  rivals in intensity with the commanding Anna Caterina Antonacci, the Old Prioress fighting death and yet doubting her fate. 

The partitura lies slightly too low for her but her rendition in the death scene is like a punch to the stomach.

Next to them Ekaterina Gubanova is an imposing Mère Marie whose last recitative shows all womanly doubts adding humanity to the character, while Emoke Baràth is a lively Constance, her penetrating ringing voice the exact contrary to Blanche uncertainty, and Ewa Vesin is the earthly Madame Lidoine whose great strength appears in her final aria.

The male cast adds to such this well assembled group of artists. Jean-Francois Lapointe is a soulful Marquis de la Force, his velvet tone conveying all worries for a society on the brink of collapse and the fatherly fears for his daughter’s future.

Bogdan Volkov is a passionate Chevalier de la Force in both his scenes as well, but especially in his tender plead to Blanche. 

The chorus under the recently appointed Maestro, Ciro Visco, sang an impressive Ave Maria and contributed to the full success of the performance.

What we won’t easily forget is nevertheless the final Salve Regina, Mariotti adding pathos and gravity to one of the most emotional moments in the whole history of modern music: a real soirée to remember and treasure.   

DIALOGUES DES CARMÉLITES (DIALOGUES OF THE CARMELITES)
opera by Francis Poulenc, on a libretto after the play by Georges Bernanos
PRODUCTION: Teatro Dell'Opera di Roma, November 27, 2022
CAST : Jean-François Lapointe (Marquis de la Force), Corinne Winters (Blanche de la Force), Bogdan Volkov (Chevalier de la Force), Anna Caterina Antonacci (Madame de Croissy), Ewa Vesin (Madame Lidoine), Ekatarina Gubanova (Mother Marie de l'Incarnation), Emöke Barath (Sister Constance de Saint-Denis), Irene Sabignano (Mother Jeanne de l'Enfant Jesus), Sara Rocchi (Sister Mathilde), Krystian Adam (The Carmelite Chaplain), Roberto Accurso (Officer), William Morgan (The Commissioner), Alessio Verna (The Jailer/Commissioner), André Ganchuk (Thierry/Javelinot)
MUSIC DIRECTOR: Michelle Mariotti
ORCHESTRA AND CHORUS: Orchestra e Coro Del Teatro Dell'Opera di Roma
STAGE DIRECTION: Emma Dante

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VERSIONE ITALIANA (VERSION ITALIENNE)

RECENSIONE : Teatro dell’Opera di Roma

Dialogues des Carmélites di Poulenc : le più intense serate all’opera.

Caterina de Simone 

Negli ultimi anni l'Opera di Roma ha scelto di inaugurare la stagione presentando opere poco rappresentate e scegliendo registi in grado di proporre letture dal forte senso teatrale. Si è dunque evidenziato un atteggiamento quasi di sfida nei confronti del più noto e per certi versi conservatore Teatro alla Scala.

Anche in questo caso nel breve arco di tempo di dieci giorni Roma e Milano hanno presentato i loro spettacoli di punta. Nella capitale si è proposto il capolavoro di Francis Poulenc, Dialogues des Carmélites che mancava dalle scene del Costanzi da poco più di 30 anni e che ha evidenziato l’ottima salute dei complessi artistici del teatro.  

Alla testa dell’orchestra, per la prima volta nella qualità di direttore musicale, si è esibito Michele Mariotti che continua la sua inarrestabile ascesa nel panorama lirico grazie ai consensi ottenuti nei principali teatri d'opera e festival europei.  

La regia è stata invece affidata ad Emma Dante che già aveva inaugurato la stagione 2019 con L’angelo di fuoco di Prokofiev. La Dante ha ormai una lunga e consolidata carriera di regista teatrale, attività alla quale affianca la produzione di testi propri. Nel 2009 ha curato la sua prima regia lirica essendo stata scelta da Daniel Baremboim  per Carmen, spettacolo inaugurale dell’anno.

La sua interpretazione del capolavoro di Bizet fu allora sia acclamata che fischiata, ma da quel momento è diventata una delle registe più richieste. 

Tornando allo spettacolo di cui si riferisce Francis Poulenc basò la sua opera sulla sceneggiatura di Georges Bernanos che fu convertita in film solo nel 1960, mentre il compositore l’aveva già musicata in seguito alla commissione ricevuta dal Teatro alla Scala. Il 1957 fu l’anno del debutto milanese nella pessima traduzione italiana. Sei mesi dopo la versione originale francese andò in scena a Parigi ricevendo pareri discordanti riguardanti la mancanza di modernità della partitura ed una supposta visione conservatrice nei confronti delle avanguardie allora tanto in voga.

Fortunatamente sessant'anni dopo Dialogues des Carmélites è considerato un vero capolavoro oltre ad essere una delle pochissime opere del dopoguerra che ancora sopravvivono sui palcoscenici di tutto il mondo.

A proposito della messa in scena, questa è una di quelle opere in cui l'approccio laico della Dante si è rivelato estremamente efficace e teatralmente coerente. Senza dubbio l’interpretazione che ne dà ha una pregnante qualità drammaturgica, supportata tra l’altro  dal contributo del suo abituale team artistico del quale si avvale anche in questa occasione e che si occupa di scene, costumi e movimenti coreografici. Ciò che è ancora più impressionante è la sua capacità di trasformare i cantanti in attori consumati attraverso un dettagliato lavoro sull’interpretazione di ogni singolo personaggio.

Qui le vite delle monache sono indagate anche prima di prendere i voti, come se la storia delle 16 carmelitane ghigliottinate per non aver rinunciato alla religione cattolica durante il Terrore della Rivoluzione francese iniziasse molto prima del ritiro in convento. La prima scena mostra infatti 16 grandi cornici entro le quali troviamo i ritratti di giovani donne che richiamano l’arte di Jean-Louis David. Si tratta dunque di una sorta di flashback, quasi un occhio retrospettivo al passato e a ciò che  erano prima della rinuncia al mondo esterno. Le stesse cornici ritornano poi nella scena finale durante la straziante Salve Regina. Ogni suora inquadrata all’interno della cornice subisce infatti la pena capitale mediante un semplice drappo bianco che cade davanti a lei.

Nella visione di Emma Dante siamo calati all’interno di una consorteria anche attraverso l’uso di costumi che alludono più ad una sorta di società segreta che alla vita conventuale in quanto simili ad armature. Un'asse da stiro gigante caratterizza la scena degli ambienti in cui si muovono le suore tanto da diventare il luogo ove svolgono i loro compiti quotidiani. In seguito diventa il letto di morte della vecchia priora. Bastano pochi oggetti per creare l'atmosfera di clausura e dare una forte connotazione teatrale alla vicenda fornendo altresì una perfetta cornice per il tappeto sonoro. 

Senza dubbio il punto di forza di questo spettacolo è il completo accordo tra la parte visiva e quella musicale. Come una corrente emotiva che fluisce dal palcoscenico e dalla buca, raggiungendo così il pubblico, la musica tonale di Poulenc si sviluppa, recitativo dopo recitativo, toccandoci l’anima  e generando un flusso continuo di domande sulla vita e sulla morte, sulle scelte che dobbiamo fare e che spesso abbiamo paura di fare. 

Questo fluire inarrestabile si sviluppa soprattutto grazie alla bacchetta di Michele Mariotti e alla sua direzione magistrale ricca di nuances e di scelte agogiche sorprendenti. L'imponente orchestra di casa risponde al meglio alle sollecitazioni che arrivano dal podio raggiungendo talvolta vette di rara trasparenza, talaltra accenti di potente drammaticità. Inoltre, l'attenzione a ogni singola frase e al canto sostengono l'intero cast lungo tutta l'intera performance. Molto ben sottolineati sono poi i passaggi che ricreano le influenze dal Pelléas et Mélisande di Debussy e l’attenzione alla prosodia francese è quasi miracolosa tanto da ottenere un’immacolata dizione da tutti i componenti della compagnia di canto.

Corinne Winters è la nevrotica e fragile Blanche de la Force, l’affascinante corda sopranile  coglie tutti i tormenti di una giovane donna ancora alla ricerca del suo posto sulla Terra. L'attrice rivaleggia in intensità con l'immensa Anna Caterina Antonacci, la Vecchia Priora che lotta contro la morte e dubita del suo destino. La tessitura è leggermente troppo bassa per lei, ma la sua interpretazione nella scena della morte ha la forza drammatica di un pugno allo stomaco.

Accanto a loro Ekaterina Gubanova è un'imponente Mère Marie il cui ultimo recitativo mostra tutti i dubbi femminili aggiungendo umanità al personaggio, mentre Emoke Baràth è una vivace Constance, la cui voce argentina e penetrante rende la personalità fresca e senza ombre quasi fosse l'esatto contrario dell'ombrosa ed insicura Blanche. Ewa Vesin è infine la terrena Madame Lidoine la cui grande forza appare nella sua aria finale. 

Il cast maschile completa l’omogeneo gruppo di artisti con Jean-Francois Lapointe che descrive un Marchese de la Force dall'animo intenso, il cui timbro vellutato trasmette tutte le preoccupazioni per una società sull'orlo del collasso e i timori paterni per il futuro della figlia.

Bogdan Volkov è un appassionato Chevalier de la Force in entrambe le scene che lo riguardano, ma soprattutto nella sua tenera supplica a Blanche.

Il coro, diretto dal Maestro Ciro Visco, recentemente nominato a capo della compagine corale, ha cantato un'Ave Maria di grande effetto contribuendo al pieno successo dello spettacolo. 

Ciò che non dimenticheremo facilmente è tuttavia il Salve Regina finale nel quale la lettura di Mariotti ha aggiunto pathos e gravità a uno dei momenti più emozionanti dell'intera storia della musica moderna: una vera e propria serata da ricordare e custodire fra le più intense serate all’opera.   

DIALOGUES DES CARMÉLITES (DIALOGHI DELLE CARMELITANE)
opera di Francis Poulenc, su libretto basato sul dramma di Georges Bernanos
PRODUZIONE: Teatro Dell'Opera di Roma, 27 novembre 2022
INTERPRETI : Jean-François Lapointe (Marchese della Force), Corinne Winters (Blanche della Force), Bogdan Volkov (Cavaliere della Force), Anna Caterina Antonacci (Madame de Croissy), Ewa Vesin (Madame Lidoine), Ekatarina Gubanova (Mère Marie de l'Incarnation), Emöke Barath (Suor Constance de Saint-Denis), Irene Sabignano (Madre Jeanne de l'Enfant Jesus), Sara Rocchi (Suor Mathilde), Krystian Adam (Il cappellano carmelitano), Roberto Accurso (L'ufficiale), William Morgan (Il commissario), Alessio Verna (Il carceriere/commissario), André Ganchuk (Thierry/Javelinot)
DIRETTORE MUSICALE: Michelle Mariotti
ORCHESTRA E CORO: Orchestra e Coro Del Teatro Dell'Opera di Roma
REGIA: Emma Dante

Dialogues des Carmélites

Opéra de Francis Poulenc, sur un livret d’après la pièce de Georges Bernanos

Orchestre et choeur : Orchestra e Coro Del Teatro Dell’Opéra di Roma

Production
Teatro Dell'Opera di Roma
Représentation
Teatro Dell'Opera di Roma , 27 novembre 2022
Direction musicale
Michelle Mariotti
Interprète(s)
Jean-François Lapointe (Marquis de la Force), Corinne Winters (Blanche de la Force), Bogdan Volkov (Chevalier de la Force), Anna Caterina Antonacci (Madame de Croissy), Ewa Vesin (Madame Lidoine), Ekatarina Gubanova (Mère Marie de l’Incarnation), Emöke Barath (Soeur Constance de Saint-Denis), Irene Sabignano (Mère Jeanne de l’Enfant Jésus), Sara Rocchi (Soeur Mathilde), Krystian Adam (L’aumônier du Carmel), Roberto Accurso (Officier), William Morgan (Le Commissaire), Alessio Verna (Le Geôlier /Le Commissaire), André Ganchuk (Thierry/Javelinot)
Mise en scène
Emma Dante
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