Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal- Une grande découverte de fin d'année : la soprano Sarah Dufresne
Comme le veut la tradition à l’Atelier lyrique de l'Opéra de Montréal, ses résidents et résidentes présentaient un concert de fin d’année et c’est au Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts de Montréal que l’événement avait lieu. Les mesures de déconfinement en vigueur auront ainsi permis aux opéraphiles de la Métropole d’assister en personne à des prestations musicales de huit jeunes artistes lyriques de l’atelier, accompagnées par les pianistes Holly Kroeker et Andrea van Pelt. Ces deux dernières se sont d’ailleurs admirablement bien acquittées de leurs responsabilités dans un programme exigeant, dont la diversifié et la richesse valent une mention honorable, et qui a permis au public d’entendre des airs d’opéras tirés d’œuvres s’échelonnant entre XVIIIe et le XXIe siècles, d’opéras de Claudio Monteverdi à John Adams, en passant par Bellini, Donizetti, Gounod, Mozart, Puccini et Strauss (Richard).
Si les prestations de l’ensemble des jeunes artistes tendaient à démontrer que le cru 2020-2021 de l’Atelier était d’un très haut niveau, l’une de ses résidentes s’est particulièrement distinguée lors de ce concert. Formée à l’Université McGill et remarquée dans le rôle de la Reine de la nuit dans la production de La Flûte enchantée d’Opéra McGill (voir L’Opéra- Revue québécoise d’art lyrique, no 19 (Printemps 2019), p. 34), la soprano Sarah Dufresne a tout simplement brillé lors de ses trois présences sur scène. Comme soliste, elle a chanté l’air « O Quante Volte » de l’opéra I Capuleti e i Montecchi de Vincenzo Bellini en faisant preuve non seulement une technique vocale impeccable, mais une sensibilité musicale hors-du-commun. Son interprétation de cette « romance » de Giuletta nous fait vouloir la voir incarner ce rôle dans une version scénique de l’opéra et d’autres rôles de Juliette dans lesquels elle excellerait. Elle s’est également distinguée dans le quatuor « Andro Ramingo e Solo » de l’Idomeneo de Mozart qui ouvrait le concert ainsi que dans le duo « Doute de lumière » de l’Opéra Hamlet de Thomas où a été mise en lumière son impeccable diction française.
Dans ce dernier duo, le baryton Geoffrey Schellenberg a également fort bien donné la réplique à Ophélie, se révélant par ailleurs comme un baryton en pleine possession de ses moyens dans l’air « Batter my Heart » du Doctor Atomic de John Adams. Son interprétation de ce qui est, selon moi, des plus beaux airs du répertoire lyrique du présent siècle n’était sans rappeler celle de Gerald Finley, le créateur du rôle de Robert Oppenmeiher. Tout cela augure bien pour la carrière du jeune chanteur canado-américain qui sera guidée par l’Agence internationale d’artistes Forbes qui devrait lui ouvrir les portes de maisons lyriques à la recherche d’un baryton aussi talentueux que versatile. Se révélant généralement prudent et réservé dans ses applaudissements, le public de ce concert de fin d’année a tout de même réservé un accueil enthousiaste à la soprano Kirsten LeBlanc, en particulier lorsque celle-ci interpréta l’air « Das War Seur Gut, Mandryka » de l’opéra Arabella de Richard Strauss (mais où était Mandryka ?(. L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal est sans doute en voie de former une « Straussienne » et il est à espérer que l’on entende à nouveau Kirsten LeBlanc dans ce répertoire.
D’autres beaux moments lyriques ont été offerts par la soprano Vanessa Croome dans son interprétation de l'Ah ! douce enfant de Cendrillon de Massenet et le ténor Matthew Dalen dans l'air « Che Gelida Marina » de La Bohème de Puccini, Sydney Frodsham étant quant à elle particulièrement expressive de remord et de culpabilité dans son « Where shall I Fly » de l’opéra Hercules de Haendel. Le baryton-basse Jean-Philippe McClish et la soprano Lucie St-Martin ont aussi offert une belle démonstration de leurs habilités vocales et dramatiques dans leur duo « Quanto Amore » de L’Elisir D’Amore » de Donizetti
L’occasion sera donnée d’entendre à nouveau ces jeunes artistes et pianistes qui poursuivront en 2021-2022 leur résidence à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Quatre autres interprètes viendront compléter les rangs de l’atelier pour la prochaine année, la nouvelle cohorte comprenant les ténors Marc-Antoine Brûlé et Mishael Eusebio, la basse Matthew Li et la mezzo-soprano Martina Myskohlid.
La dévouée directrice de l’atelier Chantal Lambert proposera sans nul doute un programme fort intéressant d’activités pour la nouvelle saison, le prochain concert de ses protégés et protégées étant par ailleurs prévu pour le 8 juillet 2021 dans le cadre du Festival Stradivaria et à l’occasion duquel seront interprétés « Les Grands airs d’opéra ».
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INT : Vanessa Croome, Matthew Dalen, Sarah Dufresne, Sydney Frodsham, Kirsten LeBlanc, Jean-Philippe McClish, Geoffrey Schellenberg et Lucie St-Martin
PIA : Holly Kroeker et Andrea Van Pelt
DA/MES : Alain Gauthier
- Production