Critiques

CRITIQUE- Les Violons du Roy- La spiritualité de Bach

CRITIQUE- Les Violons du Roy- La spiritualité de Bach

De gauche à droite : Alex Potter, Odéi Bilodeau, Nick Pritchard et Tyler Duncan
Cantates de Bach- « Un regard sur nous »
Les Violons du Roy, 2020


Trois cantates (BWV 159, 2 et 134) figuraient au programme des Violons du Roy intitulé « Un regard vers nous ». Les deux premières avaient un caractère pénitentiel convenant au Carême, tandis que la troisième célébrait la Résurrection. Sous la direction attentive de Jonathan Cohen, les musiciens ont mis en valeur toute la beauté de ces pages pleines de ferveur.

 L’ensemble baignait dans une atmosphère de musique de chambre puisque le chœur, moins présent que dans d’autres cantates, a été remplacé par quatre solistes, une idée mise de l’avant dans les années 1980 par le musicologue et chef d’orchestre Joshua Rifkin. Ce choix m’a paru un peu risqué dans la première partie, car les cordes semblaient souvent se retenir pour ne pas écraser les voix, et il était difficile d’obtenir les contrastes sonores prévus par Bach entre les solistes et le chœur. Ainsi, dans la cantate BWV 2, Ach Gott, vom Himmel sieh darein (Ah ! Dieu, du ciel jette un regard vers nous), le chœur fugué initial, privé de ses quatre trombones, et confié à un simple quatuor vocal, même excellent, perdait-il une partie de sa grandeur. Fort heureusement, la cantate festive présentée en deuxième partie – une œuvre profane transformée en dialogue spirituel - allait rééquilibrer les forces et nous transporter avec brio dans l’atmosphère concertante des Concertos brandebourgeois.

Dans la cantate BWV 159, la soprano Odéi Bilodeau, membre de la Chapelle de Québec, a chanté avec finesse et solidité le cantus firmus greffé à l’air d’alto confié au contre-ténor britannique Alex Potter. Ce dernier, invité pour la première fois par Le Violons du Roy, a paru un peu hésitant au niveau de l’intonation dans la première cantate. Il a par la suite fait preuve de belles et souples inflexions. On a donc pu apprécier ses aigus très purs et sa virtuosité. Son compatriote, le ténor Nick Pritchard, a bien tiré son épingle du jeu. Si sa voix, parfaite dans les récitatifs, manquait un peu de couleurs dans certains airs, il a démontré toute son agilité aux côtés du contre-ténor dans la cantate BWV 134, qui fut d’ailleurs un des moments forts du concert. Quant au baryton canadien Tyler Duncan, un habitué des Violons du Roy, il a su nous émouvoir dans l’air Es ist vollbracht (tout est accompli) de la cantate BWV 159.

On a pu apprécier dans plusieurs mouvements les interventions solides de Marjorie Tremblay (hautbois), Benoît Loiselle (violoncelle) et de Matilda Kaul (violon).

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Les Violons du Roy, Cantates de Bach « Un regard vers nous »

Production : Les Violons du Roy
Salle Raoul-Jobin du Palais Montcalm à Québec 

INT : Odéi Bilodeau, soprano ; Alex Potter, contre-ténor ; Nick Pritchard, ténor ; Tyler Duncan, baryton ;
ORC : Les Violons du Roy
DM : Jonathan Cohen 

Production
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