Critiques

LA BOHÈME : POUR UNE MIMÌ ÉMOUVANTE ET UN CHOEUR DYNAMIQUE

LA BOHÈME : POUR UNE MIMÌ ÉMOUVANTE ET UN CHOEUR DYNAMIQUE

(Photo : Jonathan Ouellette (Rodolfo) et Marie-Ève Mathon (Mimì) dans La Bohème de Puccini, Théâtre d’art lyrique de Laval, 2019)

C’est avec La Bohème de Puccini que le Théâtre d’art lyrique de Laval (TALL) a lancé sa 39e saison. Dans le respect de la tradition du TALL (à ce sujet, voir le Profil du numéro 21, p. 26), l’oeuvre était présentée en version française dans une réduction pour piano, flûte et percussions. Une très belle idée cet arrangement, avec les percussions qui permettaient de souligner les moments dramatiques par des roulements de timbales, faisant émerger la tension lors du finale tragique du quatrième tableau.

La distribution a réuni des chanteurs de différents horizons, mais qui partagent tous une passion non dissimulée pour l’art lyrique. Certains sont de récents diplômés en chant lyrique au niveau universitaire, comme c’est le cas de Marie-Ève Mathon, qui incarnait Mimì, et Charles Brocchiero, qui tenait le rôle de Marcello. La solidité de leur technique vocale et de leur justesse aura permis de mener le navire à bon port.

En tant que Mimì, Marie-Ève Mathon a offert une prestation émouvante et musicalement très intéressante, malgré un départ hésitant. Sa voix ronde et ample faisait d’ailleurs oublier celle de son partenaire, Jonathan Ouellette (Rodolfo) lors de leurs duos, bien que cet effet ait été atténué par la très grande complicité de leur jeu. Le duo formé par Charles Brocchiero (Marcello) et Sylvie Martineau (Musette) souffrait d’un déséquilibre similaire au plan vocal, mais que le baryton rattrapait à plusieurs moments à travers son jeu. De manière générale, la projection était plutôt inégale entre les chanteurs, mais la diction était pour la plupart très claire et facilitait grandement la compréhension de l’oeuvre.

Quant aux autres chanteurs, mentionnons le solo de Colline au quatrième tableau, qui a été interprété avec beaucoup de talent par Réal Robitaille. Les choristes, majoritairement présents lors du deuxième tableau, ont eu plusieurs accrochages quant à l’intonation, mais qui étaient admirablement compensés par un investissement total sur scène. Rarement voit-on un choeur aussi actif et impliqué dans l’univers de l’oeuvre. Il rendait l’intrigue plus dynamique par des effets comiques ; comme quoi l’opéra peut être tout aussi divertissant malgré les événements tragiques qui traversent la vie des protagonistes !

La bohème

Opéra de Giacomo Puccini en quatre tableaux sur un livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica.

Production
Théâtre d'Art Lyrique de Laval
Représentation
Théâtre Marcellin-Champagnat , 24 novembre 2019
Instrumentiste(s)
Andrée Lebrun (flûte) et Joseph Visseaux (percussions)
Interprète(s)
Marie-Ève Mathon (Mimì), Jonathan Ouellette (Rodolfo), Sylvie Martineau (Musette), Charles Brocchiero (Marcello), Luc Major (Schaunard) et Réal Robitaille (Colline)
Mise en scène
Frédéric-Antoine Guimond
Pianiste
Nicole Pontbriand
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