Articles

À DÉCOUVRIR - L'intégrale des lieder de Schubert de la Salle Bourgie

À DÉCOUVRIR - L'intégrale des lieder de Schubert de la Salle Bourgie

La Salle Bourgie n’en est pas à son premier projet d’intégrale. Après celle des quatuors à cordes d’Haydn initiée en 2009 par Isolde Lagacé et l’intégrale des cantates de Jean-Sébastien Bach qui a animé pendant 10 ans la métropole, c’est maintenant l’ensemble des lieder de Schubert que la Salle Bourgie souhaite faire découvrir au public. Grande entreprise qui s’étalera à tout le moins jusqu’en 2028, soulignant ainsi le 200e anniversaire de la mort du compositeur viennois, cette intégrale permettra d’entendre plus de 600 lieder sous plusieurs formes : l’habituel format piano-voix, mais également des lieder orchestrés par des admirateurs de Schubert ou interprétés sur instruments d’époque.

Pour Olivier Godin, instigateur du projet avec sa collègue de la Salle Bourgie Caroline Louis, Schubert représente un choix idéal notamment pour son rapport extraordinaire aux mots. « Schubert est un réel coloriste, un génie de l’expression des textes. Son talent pour peindre des tableaux sonores avec les mots est inégalé », soutient le directeur artistique. De même, plusieurs thèmes abordés dans ses lieder sont toujours d’actualité aujourd’hui selon lui. L’amour et la mort, certes, mais aussi des thématiques plus près de notre monde post-pandémique telles que la solitude, l’amitié et la nature. « Schubert est aussi l’un des premiers à avoir écrit ce qu’on peut toujours appeler des “tubes” aujourd’hui. Que l’on parle de « Marguerite au rouet », de la « Sérénade », ou du « Roi des Aulnes », c’est un peu comme s’il avait été un chanteur populaire à l’époque », ajoute Olivier Godin en riant, expliquant pourquoi ces œuvres touchent encore le public de nos jours.

Cette saison-ci, ce sont donc 98 lieder qui seront présentés lors de sept concerts aux formules variées. Plutôt que d’opter pour une présentation des œuvres en ordre chronologique, formule moins intéressante selon Olivier Godin, c’est pour une programmation par thèmes que la direction de la Salle Bourgie a opté. « Beaucoup de thématiques se recoupent dans le corpus de Schubert. Cette façon de regrouper les œuvres permet de répondre à certains enjeux actuels soulevés par les lieder », spécifie le directeur artistique à ce sujet. Cette formule sera également l’occasion de montrer toute l’influence que Schubert a eue dans le monde musical, puisqu’elle permet de juxtaposer aux lieder des œuvres de contemporains inspirés de ces chants, mais aussi des orchestrations des lieder par des compositeurs tels que Webern et Berlioz, entre autres. Des commandes d’œuvres sur des textes écrits à l’époque de Schubert sont également au menu, permettant d’explorer ainsi l’époque littéraire au sein de laquelle a vécu le compositeur.

Désirant offrir au public plus qu’un voyage strictement musical, la direction de la Salle Bourgie a également intégré à ce projet une importante dimension historique. Lieder interprétés sur instruments d’époques, artiste lyrique s’accompagnant soi-même au piano comme lors de récitals donnés dans les salons du XVIIIe siècle et autres concepts historiques sont au rendez-vous cette saison, dans le but de mettre sur pied un projet complet pouvant rejoindre un public varié. « Il y avait, avec les cantates de Bach présentées le dimanche, un fort sentiment de communauté. On souhaite reproduire la même chose, mais sous une autre forme avec Schubert », précise Olivier Godin. Il y aura ainsi plusieurs activités en parallèle des concerts, telles que des conférences, afin de proposer une immersion totale dans l’univers schubertien.

Cet « hommage à Schubert », comme l’appelle Olivier Godin, réunira artistes de renom et interprètes de la relève. Cette saison-ci, il sera notamment possible d’entendre Ema Nikolovska, Rachel Fenlon, Magali Simard-Galdès, Benjamin Appl, Ian Bostridge, mais également des lauréates et lauréats de l’édition Voix 2022 du Concours musical international de Montréal. Il s’agit d’un répertoire fédérateur, par lequel tous les interprètes lyriques passent à un moment ou l’autre de leur carrière. « Grande musique, grande poésie, pour notre cœur et pour notre âme », déclare Olivier Godin, invitant le public québécois à se joindre à cette vaste aventure qui commencera le 25 septembre prochain à la Salle Bougie.

Pour consulter la programmation de l’an 1 de l’intégrale des lieder de Schubert, c’est ici.


Partager: