TÊTE D’AFFICHE - Cécile Muhire
Photographie : Kevin Calixte
Passionnée de musique et de théâtre, la soprano Cécile Muhire se décrit comme une artiste « aimant toucher à tout et sortir des sentiers battus ». Celle qui a complété un baccalauréat en chant classique au Conservatoire de musique de Montréal, une maîtrise en interprétation à l’Université de Montréal et une résidence à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal de 2014 à 2016 se produit aujourd’hui sur diverses scènes canadiennes, tant lyriques que théâtrales, et même circassiennes : elle a fait partie de la production FESTA du Cirque du Soleil en 2023, ce qui témoigne de son éclectisme artistique.
En parlant des productions qui l’ont le plus marquée jusqu’à présent dans sa carrière, la soprano mentionne Les Noces de Figaro présentées au Pacific Opera Victoria en 2024, où elle a prêté sa voix à Cherubino. Ce personnage lui a d’ailleurs permis de découvrir une nouvelle facette de son art. « Il y a peu de rôles comiques pour soprano lyrique léger », explique-t-elle, relevant ainsi que parfois, l’instrument vocal contraint les artistes à jouer un type de rôle spécifique. Elle a été surprise lorsqu’on l’a sollicitée pour interpréter Cherubino, composé pour mezzo-soprano. Elle s’est toutefois prêtée au jeu, et a adoré son expérience. « Je me reconnais moins dans le rôle typique de la soprano en détresse. Je me considère plus comme une Susanna dans Les Noces qu’une Juliette dans Roméo et Juliette », précise-t-elle en riant. Cette amoureuse de Mozart a ainsi trouvé son compte dans une œuvre où, selon elle, « les soubrettes sont plus astucieuses que certains autres personnages » [rires].
Cet été, c’est plutôt sur la scène jeunesse qu’on pourra l’entendre alors qu’Opéra-bonbon : L’aventure gourmande d’Hansel et Gretel, un projet d’initiation à l’opéra qu’elle a mis sur pied il y a déjà plusieurs années, fait partie de la programmation du Festival de Lanaudière. C’est lors de son séjour à l’Atelier lyrique que lui est venue l’idée de ce spectacle pour enfants : la troupe a monté Hansel et Gretel d’Humperdinck, et la soprano s’est dit que cette œuvre pourrait être transformée pour un public jeunesse. Elle s’est ainsi associée au metteur en scène Alain Gauthier, de même qu’au librettiste et spécialiste de l’écriture jeunesse Pascal Blanchet, qu’elle avait tous deux rencontrés à l’Atelier, afin de soumettre le projet aux Jeunesses musicales Canada (JMC). L’institution a accepté de monter le spectacle, qui a été interprété 188 fois depuis 2017, faisant d’Opéra-bonbon l’un des spectacles les plus joués des JMC.
Prenant place dans un monde des plus colorés et rempli de friandises, Opéra-bonbon est une initiation à l’opéra pour les jeunes. L’écriture de Pascal Blanchet a donc été réfléchie avec cette perspective éducative dès le départ. « Je voulais qu’on entende la voix d’opéra de proche », explique Cécile Muhire, en précisant que cela surprend parfois les enfants de prime abord, vu la force du son. « Comme on s’adresse à un jeune public, on va dans les extrêmes. On illustre le très aigu comme le très grave, et les diverses palettes émotives que la voix peut présenter », précise-t-elle. Un autre enseignement fait à travers Opéra-bonbon est celui de l’écoute d’un spectacle. « On apprend à applaudir, à écouter, à conserver le silence lors de certains moments. Les enfants de 3 à 5 ans, ça n’applaudit pas à la fin d’un air; il faut leur apprendre à le faire », ajoute-t-elle.
En plus d’avoir conçu le projet, Cécile Muhire interprète le rôle de Gretel dans la production. Et cela lui plait, puisque le spectacle jeunesse lui permet une très grande théâtralité. « Ce genre de concert permet de repousser toutes les limites pour avoir le langage des jeunes enfants », spécifie-t-elle à cet égard. Opéra-bonbon lui permet donc d’allier ses passions pour la musique et le théâtre, dans un environnement qui fait que chaque représentation est unique, puisque le jeune public est peu prévisible.
Pour la suite des choses, la soprano souhaite dédier plus de temps à l’enseignement. « Dès que j’enseigne, je deviens une meilleure chanteuse. Avec mes élèves, on se pose des questions sur le chant auxquelles on parvient à répondre via l’enseignement », ajoute-t-elle. La soprano souhaite également poursuivre Opéra-bonbon le plus longtemps possible, puisqu’il s’agit pour elle d’un endroit où elle se sent bien. « Il est rare que l’on puisse faire un spectacle assez de fois pour y trouver une certaine liberté mentale; on est rarement confortables dans le milieu lyrique », conclut-elle. Cette connaissance accrue du spectacle lui permet d’amener son personnage encore plus loin, et d’offrir ainsi toujours plus au jeune public.
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