TÊTE D’AFFICHE - Dion Mazerolle
Originaire de Rogersville au Nouveau-Brunswick, Dion Mazerolle vient d’une famille amoureuse de la musique au sein de laquelle les soirées passées à chanter du country et du vieux rock n’étaient pas rares. Le baryton a aussi rapidement été exposé à l’opéra, puisque le fils de sa voisine en faisait son métier. « Le premier chanteur que j’ai connu dans mon village était Roland Richard. Sa mère me parlait beaucoup de lui, me racontant qu’il travaillait partout au pays. Il revenait parfois chanter à l’église du village. C’est donc le premier chanteur d’opéra que j’ai entendu », relate-t-il. Dès qu’il a pu lire la musique, Dion Mazerolle s’est joint à la chorale de sa paroisse, puis a éventuellement fait des études en musique à l’Université de Moncton.
Afin de poursuivre sa formation, le baryton a ensuite mis le cap vers Montréal, où il y est demeuré pendant une vingtaine d’années. Il y a entre autres fréquenté l’Université de Montréal, où il a rencontré la soprano et enseignante acadienne Rosemarie Landry. « Elle m’a beaucoup influencé en début de carrière. Elle a voulu me supporter dans mon cheminement. Elle m’a entre autres invité à un camp d’été à Ottawa lors de ma deuxième année de maîtrise où j’ai pu chanter toutes sortes de personnages colorés, ce qui m’a ouvert à un monde que je ne connaissais pas avant », raconte Dion Mazerolle. Ses expériences subséquentes à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et avec le programme des Jeunes Ambassadeurs Lyriques lui ont permis de multiplier les apparitions sur scène, puis de poursuivre sa carrière à travers le Canada et à l’international.
Bien qu’il ait incarné plusieurs rôles en début de carrière notamment dans La Bohème, L’Elisir d’amore et Le Barbier de Séville, puis plus récemment dans L’Amour des trois oranges et Pelléas et Mélisande, Dion Mazerolle cumule également plusieurs autres types de projets. Le baryton n’est effectivement pas étranger aux enregistrements, aux récitals et aux créations, par exemple. « Ma voix se prête bien à plusieurs styles, donc j’ai fait toutes sortes de choses », remarque-t-il. Il ajoute ensuite que ce qui compte pour lui dans son travail, c’est le processus de création ou de travail d’un rôle et le message porté par les œuvres. « Comme chanteur d’opéra, ce qui m’intéresse, c’est d’avoir des choses à dire. Ce que l’opéra m’amène, c’est de camper des personnages qui ne sont pas moi », explique-t-il.
À cet égard, un des rôles qui a été des plus intéressants pour lui à travailler est celui de Golaud dans Pelléas et Mélisande de Debussy, qu’il a pu jouer à deux reprises ; une première fois à l’Opéra de Montréal il y a plus de vingt ans, et l’an dernier au Teatri di Piacenza en Italie. « Lorsque j’ai pour la première fois travaillé le rôle de Golaud, ce qui m’a marqué est l’évolution de ce personnage dans un opéra autrement assez statique. Alors que presque tous les autres autour de lui stagnent, Golaud subit et change au cours de l’histoire. Au début il est émerveillé, puis se sent trahi, et devient finalement jaloux. Ça m’a tellement fait tripper de jouer ça », évoque-t-il.
Bien qu’il soit désormais établi à Toronto, le baryton acadien retourne fréquemment au Nouveau-Brunswick pour divers festivals et concerts. L’été dernier, en l’espace de trois semaines, il a pris part à quatre différents événements ; le Festival International de musique baroque de Lamèque, le Festival acadien de Caraquet – où il a participé à un hommage à Rosemarie Landry –, l’Été musical de Barachois et le Rendez-vous de la Fierté Acadie Love. Lors de ces deux derniers, Dion Mazerolle a présenté un récital intitulé Les amours masculines avec le pianiste Pierre-André Doucet, qui présente des œuvres et textes de compositeurs gais tels Jeffrey Ryan, Matthew Ricketts et David Del Tredici. Le projet lui tenait particulièrement à coeur puisqu’il fait lui-même partie de cette communauté. « C’était la première fois que je choisissais une thématique spécifique comme ça pour un récital. J’ai adoré découvrir qui étaient ces hommes et unir leurs textes par un fil conducteur. Ce qui m’a surpris, c’est que le public a adoré ce genre de récital et qu’on leur explique le répertoire : pourquoi a-t-on choisi ces œuvres? Quel est leur lien avec la thématique? », s’enthousiasme le chanteur, qui souhaite refaire ce concert ailleurs au Canada.
Prochainement, il sera possible d’entendre Dion Mazerolle lors du Concert de la Passion présenté par Les Idées heureuses à Salle Bourgie le vendredi 29 mars dans le cadre des festivités pascales. Le baryton avait précédemment collaboré avec l’ensemble de musique baroque pour l’intégrale des cantates de Bach, et se dit ravi de remonter sur scène avec eux pour présenter cette fois des airs de Graupner, un projet qui a débuté l’an dernier et qui durera un total de cinq ans. « Ce projet me fait découvrir un compositeur que je ne connaissais pas tellement et qui est très généreux pour les airs de basse. Chaque année, j’ai donc de très beaux airs à chanter », révèle-t-il. Pour plus d’informations sur l’événement, dirigez-vous par ici.