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TÊTE D’AFFICHE - Anna-Sophie Neher

TÊTE D’AFFICHE - Anna-Sophie Neher

En juin dernier, la soprano Anna-Sophie Neher a effectué un séjour de trois semaines en Belgique afin de prendre part au prestigieux Concours musical international Reine Élisabeth – un accomplissement qu’elle n’aurait pas pu imaginer au début de sa carrière lyrique, et encore moins lorsqu’elle étudiait encore le piano. En effet, c’est d’abord vers cet instrument que l’artiste s’est orientée à son arrivée au Conservatoire de Gatineau. Au cours de sa formation, elle a assisté à son premier opéra en salle, Madama Butterfly, puis a tranquillement développé son intérêt pour le chant lyrique. « Quand j’étais jeune, je savais que je serais musicienne, mais pas chanteuse. Mon intérêt s’est développé en faisant partie de chorales, puis en prenant des cours », se rappelle-t-elle. 

Parmi sa sélection d’airs présentés au Concours Reine Élisabeth figurait Exsultate jubilate (allegro), K. 165 de Mozart. Le répertoire de ce compositeur allemand occupe une place importante dans la vie d’Anna-Sophie Neher. « J’ai toujours eu une affinité pour Mozart et pour la musique baroque », soutient la soprano lyrique. Elle ajoute que la vie a ainsi bien fait les choses, puisqu’il s’agit du répertoire qui convient le mieux à sa voix et qu’elle considère comme un point d’ancrage. « Je retourne toujours à Mozart. Pour moi c’est la base », explique-t-elle. Ainsi, même lorsqu’elle travaille sur d’autres types de répertoires, elle ne se prive pas de chanter des airs mozartiens.

La soprano s’est entre autres prêtée à cet exercice alors qu’elle prenait part à la production de Fidelio de Beethoven de la Canadian Opera Company (COC) l’automne dernier. Anna-Sophie Neher retourne fréquemment à la COC depuis sa résidence à l’Ensemble Studio de la compagnie. Elle y a notamment incarné Pamina dans La Flûte enchantée de Mozart et Micaëla dans Carmen de Bizet durant les dernières années. L’artiste affirme avoir grandement évolué lors de son passage à l’Ensemble Studio, notamment en ce qui concerne sa posture. « Notre corps, c’est notre instrument. J’ai donc beaucoup travaillé sur mon soutien et mon utilisation de l’espace durant ma résidence, et j’ai ainsi développé une conscience corporelle », relève-t-elle. 

Jumeler maternité et opéra

En participant au Concours Reine Élizabeth cet été, où elle a d’ailleurs atteint la finale, l’artiste originaire de Gatineau se donnait la chance de renouer avec sa passion et son métier après la naissance de sa fille durant la pandémie. « Je me suis un peu oubliée au début, ce qui je crois est normal et important. Je prenais vraiment plaisir à être maman, donc je n’entretenais pas ma relation avec ma voix comme avant », explique-t-elle. La soprano avait donc envie de se donner un objectif qui l’inciterait à se replonger dans la pratique et ainsi retisser des liens avec sa passion pour le chant. Bien que le processus n’ait pas été de tout repos, Anna-Sophie Neher est fière de ce qu’elle a accompli en Belgique. « Je voulais montrer à ma fille que je ne suis pas juste une maman, mais aussi une femme et une chanteuse », fait-elle valoir. 

La soprano a remarqué qu’il peut être ardu de conjuguer maternité et carrière lyrique. « Ce n’est pas facile d’être maman, surtout dans le monde de la musique classique et de l’opéra, et si tu veux une carrière internationale », indique-t-elle. En effet, la carrière lyrique demande beaucoup de flexibilité, notamment en termes d’horaires et de déplacements. « Même s’il y a eu beaucoup de progrès dans les dernières années, il reste du chemin à parcourir. Je crois que le milieu de l’opéra n’est pas vraiment pensé pour les mères », détaille-t-elle. 

Pour la suite, Anna-Sophie Neher souhaite donc d’abord trouver un équilibre entre sa vie personnelle et professionnelle. « J’ai envie d’abord de travailler sur moi, ma musique et ma technique. Je pense qu’en étant ainsi en paix avec moi-même et fière de ce que je fais, les choses vont venir naturellement », mentionne-elle. Elle se dit notamment très enthousiaste à l’idée de participer au Messie d’Haendel avec l’Ensemble Caprice le 22 décembre prochain. 

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