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TÊTE D'AFFICHE - Hugo Laporte

TÊTE D'AFFICHE - Hugo Laporte

Photographie : Tam Photography

Depuis la publication de l’article que L’Opéra lui a consacré dans son quatrième numéro (Été 2015, p. 21), la carrière du baryton Hugo Laporte n’a cessé d’évoluer. Il s’est notamment illustré sur les scènes de l’Opéra de Montréal, de l’Opéra de Québec, au Teatro Communale de Bologne, ainsi que lors de divers concours dont le Prix d’Europe et le Concours International de Chant de Marmande, en plus de multiplier les rôles d’opéra de son répertoire. Bien que la pandémie ait mis sur pause certains projets, cela n’a pas empêché le baryton de poursuivre le perfectionnement de sa technique vocale, ce qui lui a permis de reprendre sa carrière à pleine vitesse depuis la diminution des mesures sanitaires. 

Après avoir complété un baccalauréat à l’Université Laval, Hugo Laporte a obtenu un diplôme de maîtrise en interprétation du chant classique de la même institution universitaire. Ses études ont été menées en parallèle de sa carrière professionnelle : il a participé à bon nombre d’auditions tant au Québec qu’en Europe et a concouru lors de plusieurs concours lyriques. En plus de ceux nommés plus haut, on compte notamment le Concours international Die Meistersinger von Nürnberg qui a lieu annuellement en Allemagne et le Hans Gabor Belvedere Singing Competition tenu en Autriche. Le Grand prix remporté lors du Concours OSM Manuvie en 2015 lui a également offert de nombreuses expériences, notamment une invitation à se produire en tant que soliste invité à l’Orchestre symphonique de Montréal. Désormais pris en charge par un agent en Europe, les engagements ne cessent de se multiplier pour le baryton. 

Questionné à propos des moments marquants de sa jeune carrière, Hugo Laporte mentionne avoir adoré son expérience lors de la production du Fantôme de l’opéra présentée par Spectra en janvier 2020. En effet, bien que l’œuvre soit dotée d’un style opératique assez sérieux, elle a permis à l’interprète de sortir du cadre traditionnel de l’art lyrique. « C’est une œuvre légendaire, et le compositeur est toujours en vie ! Cela rend l’œuvre d’autant plus vivante, comme elle semble très proche de nous », confiait Laporte lors de notre entrevue. Ce qu’il apprécie tout particulièrement du Fantôme de l’opéra, en plus de la beauté de la musique, c’est le registre confié au baryton dans la partition. Avouant avoir une aisance avec ses aigus, le rôle du Fantôme lui a permis d’exploiter au maximum son registre supérieur, aspect plus rare des rôles normalement confiés aux barytons à l’opéra.

Dans le même ordre d’idées, l’artiste lyrique garde d’excellents souvenirs de son interprétation de Morales et du Dancaïre dans Carmen, présenté à l’opéra de Regensburg en Allemagne. Alors engagé pour remplacer l’interprète du rôle double qui devait s’absenter pour quelques représentations, Hugo Laporte s’est lancé dans cette production sans même avoir participé à la répétition générale. C’est à l’aide d’une analyse de l’enregistrement de cette répétition qu’il a pu mettre le rôle en place, rôle qui comportait d’ailleurs une composante chorégraphique importante. « Je suis arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe, j’ai à peine rencontré le chef et au final, tout s’est très bien déroulé », raconte-t-il. L’acoustique de cette petite salle d’opéra pourvue de moins de 700 places a rendu le tout très agréable : la voix voyageait très facilement dans cette acoustique idéale. 

Photographie : Catherine Charron-Drolet

Si on le voit souvent à l’opéra, Hugo Laporte entretient aussi un lien fort avec la mélodie française, genre qu’il apprécie tout particulièrement. Selon lui, l’interprétation de ce répertoire nécessite énormément de temps et de travail : il faut se spécialiser dans le domaine et développer les compétences spécifiques à la performance en récital pour y arriver. En ce sens, conjuguer opéra, récital et vie de famille (le baryton est père de deux enfants) peut s’avérer une tâche complexe ! Néanmoins, lorsque le temps lui permet, il aime se produire en récital et privilégie le répertoire en langue française. On pourra d’ailleurs l’entendre dans l’intégrale des mélodies de Jules Massenet, projet de grande envergure de l’étiquette ATMA classique qui paraîtra au mois de novembre prochain. 

Avant cela, du 22 au 29 octobre, le public québécois aura la chance d’entendre et de voir Hugo Laporte dans la production de Don Pasquale présentée par l’Opéra de Québec. Il y interprètera le Docteur Malatesta, médecin du rôle-titre de l’opéra. Rappelant en quelque sorte le personnage de Figaro dans Le Barbier de Séville, Malatesta est un homme à tout faire : il effectue plusieurs tâches pour Don Pasquale, qui le rétribue pour ses précieux services. Néanmoins, Hugo Laporte conçoit son rôle comme celui d’un homme qui, bien qu’il fasse souvent des promesses qu’il ne puisse pas tenir, a de belles valeurs. En ce qui a trait à l’interprétation du rôle, le baryton nous a confié qu’il n’était pas trop difficile à mettre en voix. La présence de nombreux récitatifs aide en ce sens, puisque ce genre d’intervention demande moins de puissance vocale. La complexité du rôle réside davantage dans le nombre impressionnant de mots que contiennent les divers airs : « Le duo avec Don Pasquale, en particulier, implique une dégringolade de mots qui demande beaucoup de travail de mise en place », précise-t-il. Selon lui, cette musique plaisante et ludique mise au service d’une histoire simple rend l’expérience lyrique concrète pour le public. 

Que réservent les prochains mois pour ce baryton à la carrière florissante ? Une multitude d’engagements ! On pourra notamment le voir dans la production du Comte Ory de Rossini par la compagnie Tempêtes et Passions, dans le rôle de Raimbaud. Il foulera aussi les planches de la célèbre Scala de Milan dans une production des Contes d’Hoffmann et participera à la présentation de La Bohème de l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières, en compagnie notamment de Frédéric Antoun et de Myriam Leblanc. Il fera également partie de la distribution de Madama Butterfly, dont les représentations auront lieu en mai 2023 à l’Opéra de Montréal. Ce ne sont donc pas les projets qui manquent pour Hugo Laporte, et on ne peut que lui souhaiter que cet élan se poursuivre au travers des années !


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