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TÊTE D'AFFICHE - Sarah Dufresne

TÊTE D'AFFICHE - Sarah Dufresne

Sarah Dufresne
Photographie: Keegan Boulineau

Originaire de Niagara Falls en Ontario, la soprano colorature Sarah Dufresne est désormais bien intégrée dans le milieu lyrique montréalais. En effet, après avoir complété une maîtrise en chant à la Schulich School of Music de l’Université McGill, Sarah Dufresne a été admise dans la cohorte 2020-2021 de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. Cette année encore, elle poursuivra sa formation au sein de l’organisation en participant à la première production de la saison, le diptyque formé de Riders to the Sea de Ralph Vaughan Williams et de la création Le Flambeau de la nuit d’Hubert Tanguay-Labrosse sur un livret d’Olivier Kemeid.

Sarah Dufresne avoue avoir commencé à chanter à un très jeune âge : « j’insistais pour que mes parents regardent les spectacles que je montais dans le sous-sol de notre maison ; j’ai même écrit une première chanson à 12 ans à propos de Noël, ma fête préférée ! » Peu après, elle suivait ses premières leçons de chant, confirmant par la même occasion son intention de devenir chanteuse. 

La jeune soprano colorature s’est fait remarquer dès 2018 lorsqu’un prix d’encouragement lui a été remis dans le cadre des auditions du Metropolitan Opera National Council (Buffalo/Toronto). À Montréal, elle s’est d’abord démarquée pour les rôles qu’elle a tenus dans les productions d’Opéra McGill et en particulier pour son interprétation de la Reine de la nuit dans La Flûte enchantée de Mozart présentée en février 2019. Notre critique Benjamin Goron saluait son interprétation en ces mots : « Sarah Dufresne, en Reine de la nuit aux allures de Sorcière blanche de Narnia, a relevé le défi d’incarner la majesté de son personnage. Elle a beaucoup joué avec les couleurs vocales dans les aigus, montrant l’étendue des pouvoirs de la reine ». La même année, Sarah Dufresne a remporté le prix Étoile Stingray lors du Gala Talent de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal en novembre 2019. Outre sa formation dans la métropole québécoise, Sarah Dufresne a également complété une résidence de cinq semaines dans le cadre du programme « L’Opéra au XXIe siècle » au Centre des arts de Banff en Alberta, où elle a créé le rôle de Rebecca Marshall dans l’opéra No One’s Safe de Nicole Lizée en plus de chanter dans le chœur pour la première mondiale de Silent Light de Paola Prestini et Royce Vavrek.

Sarah Dufresne (La Reine de la nuit), La Flûte enchantée, Opéra McGill, 2019
Photographie : Brent Calis

Nous n’avons pas encore eu la chance d’entendre la chanteuse dans une production de l’Opéra de Montréal, mais cela s’explique par le contexte sanitaire des derniers mois qui n’a pas été favorable à la production d’opéras. Sarah Dufresne apprécie tout de même la formation offerte par l’institution : « Jusqu’à présent, mon expérience au sein de l’Atelier lyrique a été incroyable. La qualité et la générosité de la formation que mes collègues et moi avons reçu l’an passé me fait sentir comme l’une des chanteuses les plus chanceuses du monde. Avoir la possibilité de faire ce que j’aime chaque jour durant la pandémie est pour moi un véritable cadeau. » 

La présente saison s’annonce plus riche en performance pour Sarah Dufresne alors que rien ne semble empêcher la présentation de Riders to the Sea et Le Flambeau de la nuit. Elle incarnera le rôle de Nora dans l’opéra de Vaughan Williams présenté en première partie de ce programme. Interrogée à propos de la préparation de ce rôle, la chanteuse confie sentir une affinité certaine avec ce personnage aimant et empathique qui entretient une relation étroite avec sa grande sœur, puisqu’elle est elle-même une petite sœur. Celle qui n’a jamais eu l’occasion de chanter la musique de Vaughan Williams se dit d’ailleurs emballée à l’idée de relever le défi d’explorer un nouveau style compositionnel, mais surtout, de retrouver la sensation de fébrilité de l’arrière-scène alors que l’orchestre s’accorde et que les interprètes se préparent à monter sur scène.

Sarah Dufresne n’est pas que chanteuse : elle est aussi intéressée par la direction et la mise en scène d’opéra, ce qui lui permet de développer davantage sa créativité. Elle avoue adorer créer un spectacle à partir d’une idée qui lui a traversé l’esprit au cours d’un trajet en métro – qu’elle considère comme l’un des meilleurs endroits pour réfléchir. Au cours de ses études à l’Université McGill, elle a pu diriger quelques productions avec Horizons Project où les étudiants étaient appelés à prendre les rennes et à donner vie à leurs idées. Cette expérience de conception de production lyrique l’a d’ailleurs amené à approfondir sa propre démarche d’interprète : « Penser à tous les aspects d’une production m’aide à trouver des détails dans les productions auxquelles je participe et me permet de raffiner mon interprétation » dit-elle.

Motivée par la volonté de susciter une réaction émotionnelle et la réflexion auprès du public, Sarah Dufresne veut que l’art serve à rassembler les gens après la séparation que nous aura imposé la pandémie. Cette démarche se concrétise d’ailleurs dans ses projets en cours. En effet, elle affirme travailler actuellement à réimaginer certains des opéras devenus des classiques du répertoire. Elle envisage aussi de présenter un ou deux de ces projets au courant de la prochaine année et elle n’hésite pas à dire que cette démarche de création contribue à faire d’elle une meilleure chanteuse, artiste et personne, et ce, chaque jour.

Sarah Dufresne
Photographie: Brenden Friesen


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