GINO QUILICO: 40 ANS DE CARRIÈRE
GINO QUILICO
(@ Sylvie Vivier)
L’année 2017 aura été une année de célébration, celle du quarantième anniversaire du début de la carrière lyrique de Gino Quilico. C’est pendant ses études à l’Université de Toronto, où il est l’élève de ses parents Louis Quilico et Lina Pizzolongo, que le baryton québécois fait ses débuts sur une scène lyrique. Il prend part en 1977 à la production de The Medium de Carlos Menotti du Comus Theater de Toronto où il chante avec nulle autre que la contralto Maureen Forrester. Poursuivant sa formation à l’École d’Art Lyrique de l’Opéra de Paris, Gino Quilico entreprend une carrière européenne qui l’amène à chanter dans les plus illustres compagnies lyriques, de l’Opéra comique de Paris au Royal Opera House de Londres en passant par le Capitole de Toulouse.
La carrière internationale de Gino Quilico connaît sans doute son apogée avec deux événements, dont il se souvient avec émotion, comme il me l’a confié lors d’un entretien cordial. D’abord, en 1987, la production de Manon de Jules Massenet au Metropolitan Opera où il fait sensation, avec son père Louis Quilico, en chantant un duo père-fils sur la scène de la grande maison d’opéra new-yorkaise. Deuxième fait marquant : en 1988, il est présent aux côtés de Luciano Pavarotti et de Mirella Freni dans une production de La Bohème du San Francisco Opera mise en scène par Francesca Zambello où il interprète le rôle de Marcello. Cette production a donné lieu à un film-opéra de Luigi Commencini et aussi fait l’objet d’un enregistrement en direct, paru sous l’étiquette Arthaus Musik, et considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs enregistrements du plus célèbre des opéras de Puccini.
Cette carrière se déploie au sein de plusieurs autres compagnies lyriques et festivals d’opéra, tels le Teatro alla Scala de Milan où il fait ses débuts en 1992, à la Fenice de Venise, à l’Opéra national de Paris, aux Berlin et Wiener Staatsoper, au Lyric Opera de Chicago, aux opéras de Dallas et Los Angeles, au Teatro Colón Buenos Aires, dans les festivals de Salzbourg et d’Aix-en-Provence et les Chorégies d’Orange. Gino Quilico a également chanté avec de grands orchestres internationaux : le Bayerischer Rundfunk à Munich, l’Orchestre national de France et l’Orchestre philharmonique de Radio France.
L’un des fleurons du baryton québécois est d’avoir été associé à la création de deux oeuvres lyriques et premières mondiales pour les opéras Ghost of Versailles de John Corigliano au Metropolitan Opera de New York en 1991, et Monségur de Marcel Landowski aux Opéras de Toulouse, Bordeaux, Lyon et Paris en 1985.
Si l’essentiel de sa carrière s’est déroulée sur ce qu’il aime présenter comme le « circuit international », Gino Quilico a également été l’invité de l’Opéra de Montréal où il a chanté dans Manon de Massenet en 1983, Le Barbier de Séville en 1984, Faust en 1989, Otello en 2000. Il a aussi participé à la création mondiale de l’opéra Les Feluettes en y incarnant le rôle de Simon Doucet le Vieux en 2016, et a incarné le Marquis de la Force en cette année 2017 dans la nouvelle production et création mondiale des Dialogues des Carmélites. Il a également chanté à plusieurs reprises avec l’Orchestre symphonique de Montréal, et a pris notamment part au grand concert de commémoration du 75e anniversaire sous la direction de Kent Nagano.
Lorsqu’on lui demande d’identifier les personnalités qui ont marqué sa carrière, il parle avec émotion de ses parents, qui lui ont fait aimer la musique et lui ont tout appris du chant. Il présente comme un privilège le fait d’avoir travaillé avec Herbert von Karajan et d’avoir notamment enregistré sous sa direction, pour l’étiquette Deutsche Grammophon, Carmen de Bizet. Il décrit avec affection sa relation avec Luciano Pavarotti qui lui a prodigué de si précieux conseils, et avec Mirella Freni qui a sauvé ses débuts à la Scala. Et il ne va pas sans rappeler les moments magiques qu’il a vécus sur scène avec Jon Vickers, Montserrat Caballé, Josep Carreras et Teresa Stratas.
Et que lui réserve l’avenir ? Il est heureux d’avoir commencé une vie de metteur en scène et de bientôt pouvoir retourner au Festival de Música de Santa Catarina, au Brésil, pour y mettre en scène La Bohème de Puccini en janvier 2018. Il espère pouvoir jouer à nouveau aux côtés de jeunes artistes de la relève lyrique québécoise, comme Étienne Dupuis et Jean-Michel Richer qu’il a appréciés dans Les Feluettes, et Antonio Figueroa et France Bellemare avec lesquels il chantera dans une production de Faust de Gounod de la Société d’art lyrique du Royaume en février 2018. Et il conclut en toute simplicité : « Je veux juste continuer à chanter ! ».
L’Opéra – Revue québécoise d’art lyrique félicite Gino Quilico pour ses 40 ans de carrière et le compte parmi les grands artistes de l’histoire lyrique du Québec.