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In Memoriam - André Jobin et Gaétan Laperrière

In Memoriam - André Jobin et Gaétan Laperrière

Deux grands noms de l’art lyrique, le ténor André Jobin et la basse Gaétan Laperrière se sont éteints en ce début d’année 2023.

André Jobin

Natif de notre Capitale nationale et fils du grand ténor québécois Raoul Jobin, André Jobin s’est distingué dans plusieurs disciplines artistiques, du théâtre à la comédie musicale, en passant par l’opérette et l’opéra. Après des études d'art dramatique à Paris, il est admis au sein d'une troupe de théâtre, la Compagnie Jean-Louis Barrault-Madeleine Renaud, et se produit avec cette troupe tant en Europe qu’aux États-Unis d’Amérique, au Canada et au Québec. 

Ayant également étudié le chant, il se produit pour la première fois comme chanteur dans la comédie musicale Nouvelle Orléans de Pascal Bastia. Il a une affection particulière pour l’opéra et est notamment entendu dans Bilitis et l'amour de Joseph Kosma, dans Le Jeu des dames de Georges Van Parys, ainsi que dans L'Auberge du cheval blanc de Ralph Benatzky au Théâtre du Châtelet de Paris. Pour sa participation à l’enregistrement de l’opérette Le petit duc de Charles Lecocq, il est récipiendaire du prestigieux Grand prix du disque en 1968. 

Au début des années 1970, il entreprend un séjour à Londres qui s’étend sur plus de trois ans, à l’occasion duquel il chante le rôle de Gaylord Ravenal à 935 reprises dans une production de Showboat de Jerome Kern présentée à l'Adelphi Theatre de Londres. Il retourne à Paris en 1974 pour jouer dans Les Aventures de Tom Jones de Jacques Debronkart, mais c’est le spectacle Il était une fois l'opérette présenté au théâtre Bobino de la capitale française qui l’occupera dans les années subséquentes. Jobin foule la scène du Châtelet à plusieurs autres reprises, notamment en 1978  pour la Rose de Noël de Franz Lehar dans laquelle il incarne Michel Andrassy et pour Volga de Francis Lopez où il prête sa voix au rôle de Boris. 

S’agissant de l’opéra, il aborde le grand répertoire en prenant le rôle-titre dans Orphée et Eurydice de Christoph Willibald Gluck ainsi que le co-rôle-titre dans Pelléas et Mélisande à l’Opéra-Comique de Paris en 1963. Il tient d'ailleurs ce rôle dans plusieurs autres grandes maisons lyriques européennes (Berlin, Bruxelles, Madrid) et américaines (San Francisco et New York City Opera). Au début des années 1980, il chante aussi au Lyric Opera de Chicago, notamment dans La Veuve Joyeuse et Die Fledermaus.

Darren Nimnicht (Dr. Falke) et André Jobin (Gabriel von Eisenstein)
Die Fledermaus de Johann Strauss II
Lyric Opera of Chicago, 1982

Jobin se fera aussi connaître du public québécois en prenant part à la télévision de Radio-Canada dans la production de La Fille de madame Angot de Charles Lecocq. Il chante également dans des productions de la Société lyrique d’Aubigny, comme Le Pays du sourire de Franz Lehar et Roméo et Juliette de Charles Gounod. À l’Opéra de Québec, il se produit dans Manon de Massenet et Turandot de Puccini. On fera appel à lui comme metteur en scène, tant à l’Opéra de Québec pour Manon de Massenet en 1982 qu’à l’Opéra de Montréal pour La Veuve Joyeuse de Lehar en 1992.

Dans le cadre d’une entrevue donnée en marge de cette dernière mise en scène (Marie Laurier, « André Jobin, du théâtre à l’opéra », Le Devoir, 25 mai 1992, p. C-7), Jobin n’était pas peu fier - et avec raison - d’affirmer : « Et si nous résumions tout cela ? [...] J’ai 40 ans de carrière, j’ai fait 4000 représentations dont mille à Londres, 2000 à Paris et mille dans le vaste monde. J’ai donc été sur scène tous les trois jours pendant 40 ans ».

Pour une entrevue intéressante sur le parcours d’André Jobin, je suggère de lire le texte « Ténor André Jobin- A Conversation with Bruce Duffie » accessible à l’adresse http://www.bruceduffie.com/jobin.html.

Gaétan Laperrière

Originaire de la région de Montréal où il est né en 1952, Gaétan Laperrière a également connu une carrière d’exception. Élève de son oncle Robert Savoie et lauréat du Young Canadian Mozart Singers Competition, cet artiste se joint en début de carrière à la Canadian Opera Company de Toronto et y fera partie de son Ensemble. Il y tient de nombreux rôles et évolue sur plusieurs scènes canadiennes, en particulier aux opéras d’Edmonton, du Manitoba et de Vancouver, ainsi qu’au Calgary Opera où il crée le rôle d'Emilio Picariello dans la première mondiale de Filumena de John Estacio avec le Calgary Opera. Il se produit également sur plusieurs scènes lyriques américaines, en Arizona, à Boston, à New York, au Kentucky, à Seattle et à San Francisco. Quant à ses débuts européens, ce sera à l’Opéra de Nice en 1987 dans une production de Carmen de Georges Bizet où il prête sa voix à Escamillo.

Au Québec, il est l’invité des deux grandes compagnies lyriques à de très nombreuses reprises. Il chantera à l’Opéra de Montréal dans Tosca (1980), La Traviata (1981), Werther (1982), Rigoletto (1984), Roméo et Juliette (1986), La Bohème (1989), Pagliacci (1991), Lucia de Lamermoor (1993), Carmen (1994), Fedora (1995), Les Pêcheurs de perles (1996), Don Carlos (1998), Nabucco (2001), Thaïs (2003) et Cendrillon (2010). À l’Opéra de Québec, il sera de la distribution de Madama Butterfly (1999), La Traviata (2000 et 2012), Tosca (2001), Rigoletto (2003), Un ballo in maschera (2004), Cavalleria Rusticana et Pagliacci (2009), ainsi que Falstaff (2012).

Gaétan Laperrière (Falstaff) et Jacques Leblanc (metteur en scène)
Falstaff de Giuseppe Verdi
Opéra de Québec, 2012
Photographie : René Baillargeon

Gaétan Laperrière a enregistré en 1994 avec l’Orchestre symphonique de Trois-Rivières sous la direction de Gilles Bellemare de « Grands arias de baryton » (SRC SMCD 5127) et a aussi participé au Gala du 30e anniversaire de l’Opéra de Montréal. On peut l’entendre dans les extraits de La Traviata de Giuseppe Verdi et d’Hérodiade de Jules Massenet sur l’enregistrement de ce gala réalisé par ATMA Classique, disponible sur le site web de la compagnie de disque.

Et si vous voulez en apprendre davantage sur la carrière de Gaétan Laperrière, la rédactrice en chef du magazine Opera Canada, Ruby Mercer, a publié dans le numéro XXVIII (Hiver 1987) du magazine un article intitulé « Spotlight : Gaétan Laperrière ».

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L’équipe de L'Opéra transmet aux familles de messieurs Jobin et Laperrière, ainsi qu’aux opéraphiles du Québec qui ont apprécié le talent de ses deux grands artistes lyriques, ses plus sincères condoléances.

*La majorité des informations biographiques proviennent des articles dédiés aux deux chanteurs, publiés dans L'Encyclopédie canadienne.


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