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ENTRETIEN : Pauline Vaillancourt et Marie-Annick Béliveau... libres de déranger!

ENTRETIEN : Pauline Vaillancourt et Marie-Annick Béliveau... libres de déranger!

La compagnie lyrique de création Chants Libres célèbre en 2020 son 30e anniversaire. L’Opéra – Revue québécoise d’art lyrique tient à souligner cet important événement dans la vie lyrique québécoise en donnant la parole à sa fondatrice, la soprano Pauline Vaillancourt, récente récipiendaire du prestigieux Prix du Québec Albert-Tessier, et à celle qui est appelée à prendre sa relève à la direction artistique, la mezzo-soprano Marie-Annick Béliveau. Les réponses qu’elles ont formulées à nos questions par une belle journée de la fin d’un été 2020 si particulier révèlent la grande complicité entre ces deux artistes lyriques d’exception qui ont fait de la promotion du répertoire lyrique contemporain leur grande mission. Dans l’attente de la création du nouvel opéra L’Orangeraie de Zad Moultaka et Larry Tremblay, la revue est fière de faire connaître Chants Libres dont la raison d’être est de « défoncer des portes pour que les autres s’y engouffrent » et de présenter deux femmes qui veulent être... libres de déranger ! 

Daniel Turp (DT) : Pourriez-vous nous parler, l’une et l’autre, de votre découverte de la musique et en particulier de l’opéra ? Est-ce par la radio, la télévision ou la scène que vous avez été introduites à l’art lyrique ? 

Pauline Vaillancourt (PV) : La musique a toujours fait partie de mon enfance. Mes parents n’étaient pas musiciens professionnels, mais de cœur et ils chantaient beaucoup. La musique classique était donc très présente dans ma famille. Quand mon frère Jean-Eudes [Vaillancourt] a fait le Conservatoire, il a monté un chœur avec des amis et des collègues et il les faisait répéter à la maison. Toute la famille s’était jointe à la chorale et nous faisions des concerts tous ensemble. Mon père, qui avait remarqué l’attrait que j’avais pour la musique, m’a un jour prise à part et m’encourageait dans mon intérêt pour le chant. Vers l’âge de 16 ans, j’ai eu un premier solo, un grand moment pour moi. 

Par la suite, j’ai commencé mes études au Conservatoire à Québec. J’ai pu, en parallèle, devenir membre du Chœur de l’Opéra de Québec et participer à des productions lyriques de la compagnie d’opéra de notre Capitale-Nationale. Des coulisses, j’admirais les grands solistes, mais, il y avait encore cette image très forte du soliste qui chante toujours le même rôle. Et je n’avais aucune, mais vraiment aucune envie de jouer le même rôle toute ma vie ! 

Pour mon concours de Conservatoire, j’ai fait le pari de présenter La Voix humaine de Poulenc, une œuvre alors peu connue, voire inusitée ! C’est sans doute ce choix particulier qui a conduit le jury à me décerner un prix de Conservatoire et qui a confirmé mon intérêt pour le répertoire lyrique contemporain. 

Marie-Annick Béliveau (MAB) : J’ai, pour ma part, un parcours bien différent. Je viens d’une famille qui n’est pas musicienne du tout. Mes parents étaient toutefois de grands consommateurs d’arts et en particulier des arts d’avant-garde. Nous visitions beaucoup de musées et de galeries. Il y avait plusieurs livres sur la peinture et les arts visuels chez nous. S’agissant de la musique, c’était très varié. Ma mère écoutait du rock progressif, des chansonniers tout comme de l’opéra et de la musique contemporaine. Nous étions des auditeurs fidèles de l’émission Les Beaux dimanches

C’est donc assez naturellement que j’ai été amenée à faire de la musique – et en particulier de la musique contemporaine. Mais rien ne me destinait à l’opéra. Mon expérience de l’opéra était d’ailleurs limitée à l’écoute de L’Opéra du samedi. La première représentation à laquelle j’ai assisté était une production de Carmen de Bizet et j’ai eu un choc parce que pour moi, l’opéra ce n’était pas un spectacle avec des chanteurs déguisés. Je me souviens d’avoir ainsi trouvé l’«opéra» très quétaine, constatant par ailleurs que les chanteurs étaient de très piètres acteurs ! 

Judy-Ann Desrosiers (JAD) : Votre formation musicale vous a-t-elle conduites, l’une et l’autre, vers l’opéra ? 

PV : La formation que j’ai reçue, d’abord au Conservatoire de musique de Québec et ensuite à l’Université de Montréal, m’encourageait à poursuivre une carrière lyrique. J’avais une grande curiosité pour les œuvres peu ou pas chantées. J’ai donc fouillé dans les bibliothèques pour trouver du répertoire qui n’était pas beaucoup interprété et j’ai pris l’habitude d’introduire ces œuvres dans toutes mes prestations de récitals classiques. Cette habitude m’a ouvert tranquillement la porte des œuvres contemporaines et mon répertoire passait tout naturellement de Bach, Mozart, Strauss, Debussy... à Berg, Kagel, Webern, Schönberg, Stockhausen, Zappa, Ligeti... pour ne nommer que ceux-là. 

MAB : Je crois aussi que mes études à la Faculté de musique de l’Université McGill, et en particulier avec Bruce Mather, mais également le stage de perfectionnement que j’ai effectué auprès de Jane Randolph, m’ont préparé pour une carrière lyrique. Comme Pauline, c’est la musique du xxe siècle qui m’a attirée. Sans doute m’en suis-je rendu compte lorsque je me préparais pour une audition pour le rôle de Dorabella dans Cosi fan Tutte de Mozart à Boston... avec 40 autres jeunes chanteuses ! J’ai constaté qu’elles étaient toutes à leur place, bien davantage que moi. Je n’ai rien contre Cosi fan tutte, mais c’est bien plus le répertoire contemporain qui m’intéressait. Ce qui me fascinait alors c’était la musique d’Olivier Messiaen, pour ne faire référence qu’à un grand compositeur. Lors d’auditions où le répertoire n’était pas imposé, je choisissais de chanter sa musique et celle d’autres œuvres de même facture vocale. Le répertoire contemporain m’inspire tout autant aujourd’hui, et je crois que dans ce répertoire, l’on peut davantage créer. 

DT : En parlant de ce répertoire, croyez-vous qu’il est mieux reçu et accepté aujourd’hui ? 

PV : Oui, je crois sincèrement que les choses ont évolué. Nous étions cependant bien en retard sur l’Europe. J’y ai séjourné pendant 10 ans et j’ai pu constater que les maisons d’opéra européennes obéissaient à des politiques culturelles en programmant des créations. Je me plais à croire que le travail de Chants Libres depuis les 30 dernières années a fait une différence. La compagnie a été créée pour donner des outils aux compositeurs et compositrices pour écrire leur opéra. Nous avons aussi démontré que les chanteurs et chanteuses lyriques, par leur intérêt, pouvaient interpréter une œuvre nouvelle et lui donner toute sa dimension. C’était nécessaire pour ouvrir d’autres portes pour la forme qu’est l’opéra. 

MAB : C’est très fragile. S’agissant des artistes lyriques, il y a eu une réelle évolution. Mais, les institutions de formation tardent à prendre le virage. Il y a toujours des professeurs de chant qui laissent entendre que chanter le répertoire contemporain conduit à briser la voix. «Ils ne sont pas prêts pour cela», c’est ce qui m’a été dit, alors que je cherchais à recruter des interprètes pour Oper’Actuel. Ces enseignants et enseignantes n’hésitent pas à faire chanter le « Liebestod » du Trisan und Isolde de Richard Wagner à leurs jeunes sopranos de 21 ans, mais récusent le répertoire contemporain. Dans une activité de médiation à laquelle j’ai participé très récemment, un journaliste musical m’a dit – et je cite de mémoire : «Comme ça, quand on choisit la musique contemporaine, et que l’on fait juste des sons bizarres avec la voix, on ne peut plus chanter du vrai répertoire». Quelle conception de la musique contemporaine ! 

PV : Avec une solide technique vocale, le choix du répertoire contemporain n’entraîne aucun problème pour les interprètes lyriques. J’ai déjà chanté avec un cigare allumé dans la bouche une œuvre de Kagel, Phonophonie, sans souci. La meilleure école est la forme « récital » que j’affectionne particulièrement en raison du fait qu’elle permet d’exprimer toutes les palettes de sentiments et de développer une relation intime avec le public. 

DT : Pourriez-vous nous parler de la naissance de Chants Libres et du contexte musical qui est à l’origine de sa création ? 

PV : Après mon séjour européen et dès mon retour au Québec, j’ai eu le projet de mettre sur pied une compagnie dont la mission serait de favoriser la création de nouveaux opéras. En 1975, j’avais été membre fondatrice de Gropus 7 Ensemble dont le mandat était de faire connaitre les œuvres qui avaient une approche théâtrale de la musique. Mais, après l’Europe, j’étais maintenant ailleurs et avec l’aide du metteur en scène Joseph St-Gelais et de l’écrivain Renald Tremblay, nous avons décidé de créer une nouvelle compagnie pour sortir la forme opéra des sentiers battus et faire preuve d’audace dans la façon de penser cet art total. 

Notre ambition était grande car nous voulions créer une compagnie permanente, comptant sur une « troupe », dotée de sa propre salle et appelée non seulement à produire ses propres créations, mais à présenter également des œuvres du répertoire lyrique contemporain de la deuxième moitié du xxe siècle. Nous avions comme sources d’inspiration des compagnies de plusieurs pays : Belgique, France, Pays-Bas, Angleterre, Luxembourg... qui avaient obtenu un généreux soutien de l’État. 

Nos ambitions ont été freinées par les sommes trop modestes que nos conseils des arts ont mises à notre disposition. Les choses n’ont guère changé et nous n’avons pu maintenir, comme nous le souhaitions, le rythme d’une création par année. Ainsi, l’espace-temps entre les créations s’est accentué. Entre L’Orangeraie et The Trials of Patricia Isasa, il y aurait eu quatre ans si cette œuvre avait été créée comme prévue en 2020... il y en aura cinq en raison de la pandémie ! 

Au départ, la compagnie portait mon nom, mais elle est devenue en peu de temps la compagnie lyrique de création Chants Libres. Je suis toujours très fière de ce nom, qui insiste sur la création car, ce que j’aime à Chants Libres, c’est que nous sommes libres de déranger. Je pense qu’il faut continuer de le faire. Finalement, c’est devenu notre mandat. Depuis 1990, nous avons ainsi pu déranger en produisant 33 événements lyriques, parmi lesquels on compte 16 nouveaux opéras (voir l’encadré en page 17). Nous avons réuni des créateurs et créatrices de toutes disciplines autour de la voix. Si Chants Libres a été pensé comme un outil à l’intention des compositeurs et compositrices, le processus créatif a gravité – et gravite encore – autour des interprètes que l’on a toujours voulu associer au processus de création de nouvelles œuvres. 

MAB : Je me permets d’ajouter qu’à la différence d’autres compagnies lyriques, Chants Libres n’est pas une institution fondée et dirigée par un chef, par un compositeur ou un metteur en scène. Elle a été mise sur pied par l’interprète qu’est Pauline Vaillancourt. L’art lyrique de création se voit donner une perspective nouvelle et la relation entre l’interprète et les autres créateurs et créatrices est complètement différente, car le mandat de la compagnie est de mettre les interprètes en valeur et de faire appel à tout leur talent. 

DT : Depuis sa naissance, Chants Libres n’a- t-elle pas voulu s’ouvrir au monde ? N’a-t-elle pas aussi cherché à franchir elle-même les frontières du Québec ? 

PV : J’ai toujours tenu à associer des artistes de l’étranger à nos créations. Dès la première production, Ne blâmez jamais les Bédouins, la conception des costumes a été confiée à l’artiste vénézuélienne Anita Pantin. La musique du deuxième opéra a été celle du compositeur français Claude Ballif. Et ainsi de suite. Toutes les productions ultérieures ont fait appel à des artistes de l’extérieur, pour nous stimuler par leurs différences. À cette époque, les conditions pour obtenir de l’aide étaient d’avoir un contenu 100 % canadien ; nous avons pris l’avenue inverse. 

Sur le plan du rayonnement international de la compagnie, les créations de Chants Libres ont été présentées en tournée en Allemagne, en Belgique, au Canada, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Suisse, au Venezuela. La compagnie a aussi accueilli à Montréal la conférence internationale New-OP 8 et elle continue d’assurer la relève avec ses évènements Oper’Actuel Works In Progress et ses ateliers de recherche et de formation. 

DT : Quels sont, selon vous, les plus grands moments des 30 années d’existence de Chants Libres ? 

PV : Il est toujours difficile de répondre à une question comme celle-là, tant il y a de moments inoubliables. Si je devais choisir un opéra qui a marqué la vie de Chants Libres, je crois que j’opterais pour les Chants du Capricorne, cet opéra-performance présenté pour la première fois en 1995. Mais c’est un choix très personnel. Le fait de concevoir, mettre en scène et chanter cette œuvre en plus de réussir à susciter l’intérêt du public est un grand objet de fierté. Quatre ans plus tard, la présentation à Gand en Belgique, m’a valu le Prix d’interprète de musique contemporaine Flandres-Québec. Un grand honneur. Marie- Annick pourra aussi vous en parler, puisque c’est elle qui a assuré avec force et conviction la reprise plus récente de 2015. 

L’évènement Arias, qui s’est tenu au Monument- National en 2011 pour commémorer les 20 premières années d’existence de la compagnie, est aussi un moment d’importance. La présentation d’extraits des œuvres créées par Chants Libres en 20 ans avait permis de réunir créateurs et artistes, ceux et celles qui avaient donné vie aux opéras. 

MAB : Pour en avoir été aussi l’interprète, l’opéra Chants du Capricorne s’est avéré une expérience inoubliable pour moi et m’a notamment permis de connaître les exigences d’une performance où le corps et la voix sont mis à contribution de façon globale. Il m’a aussi été donné d’approfondir ma relation avec Pauline et de constater jusqu’à quel point nos vues convergeaient sur la façon de produire – sans concession et avec audace – de l’art lyrique. Je crois aussi que la création en 2009 de l’opéra de Gilles Tremblay L’Eau qui danse, la pomme qui chante et l’oiseau qui dit la vérité, d’après le livret de Pierre Morency – et dans lequel j’ai pris le rôle de Poulane – compte parmi les grandes réussites de Chants Libres, comme en ont fait foi les deux Prix Opus qui lui ont été attribués par le Conseil québécois de la musique, ceux de la création de l’année et de l’évènement musical de l’année. 

DT : Pourriez-nous parler d’Oper’Actuel et des autres projets qu’a mis en œuvre Chants Libres, notamment la Nuit Blanche que vous avez pu co-présenter le 29 février 2020... avant que ne survienne la crise sanitaire ? 

MAB : L’évènement Oper’Actuel a été créé par Pauline en 1998 et a connu six éditions à ce jour, les éditions subséquentes s’étant déroulées en 2004, 2008, 2013, 2015 et 2019. Son objectif est de permettre de découvrir des œuvres en cours de composition et d’écriture et qui sont ainsi, comme le titre de l’évènement dans la version anglaise le suggère, des « works in progress ». Oper’Actuel est devenu un lieu privilégié de rencontre entre les compositeurs, compositrices, librettistes et les autres artistes qui se voient donner l’occasion de présenter leurs projets d’opéras dans un cadre professionnel et public. La sixième et plus récente édition qui s’est tenue au Gesù en mars 2019 a permis d’apprécier le travail réalisé sur six opéras en gestation, choisis parmi les 30 projets d’œuvres lyriques qui avaient été reçus par Chants Libres dans le cadre d’un appel international de projets. Le choix s’était arrêté sur des projets de tandems à la composition et au livret émanant d’Argentine, des États-Unis, du Québec... auxquels s’est ajoutée la présentation d’un premier extrait de la prochaine création de Chants Libres, L’Orangeraie

Concernant la Nuit blanche du 29 février dernier, Chants Libres s’est associé la Société de musique contemporaine du Québec, au Groupe de recherche sur la Médiatisation du Son et à Hexagram pour explorer l’univers vocal sous toutes ses formes, en rassemblant artistes et chercheurs de la scène montréalaise. En tant que coordonnatrice de l’évènement, j’ai tenu à ce que le public plonge dans la création lyrique in situ et vive une expérience unique au cours de laquelle œuvres en création, pièces vocales revisitées, musiques spatialisées et immersives se succéderaient. Cette Nuit blanche a d’ailleurs été l’occasion de souligner le travail de Pauline Vaillancourt et de faire également écho au 30e anniversaire de Chants Libres par le biais d’interprétations en direct et d’une rediffusion sonore d’extraits d’opéras créés par notre compagnie lyrique... de création. 

JAD : S’agissant de la création de L’Oran- geraie de Zad Moultaka et Larry Tremblay, celle-ci devait avoir lieu le 8 octobre 2020 et a dû être reportée en raison de la crise sanitaire. Quand sera-t-elle maintenant présentée et comment ce report – affecte-t-il la préparation de cette nouvelle production de Chants Libres ? 

PV : Les mesures sanitaires mises en place dans la foulée de la pandémie nous ont évidemment obligés à reporter la création de L’Orangeraie, un projet de grande envergure sur lequel nous travaillons depuis maintenant quatre ans, comme je l’ai déjà mentionné. Ce report est certes une déception, parce que la création d’un opéra est un très long accouchement qui demande beaucoup d’énergie. Mais nous n’avons pas baissé les bras ! Dès le début de la crise sanitaire, à la mi-mars 2020, je me suis mise à penser à une alternative. J’ai ainsi eu l’idée de présenter un Prélude qui met en scène le manque, le vide dans nos salles de concert en ces temps de pandémie. J’ai conçu un scénario d’une vingtaine de minutes à partir de quatre des 14 scènes du livret de Larry Tremblay, sur la musique originale de Zad Moultaka. Aux huit interprètes s’ajoute l’Auteur, incarné par l’acteur Sébastien Ricard. Celui-ci déambulera dans la salle vide du Monument-National, entendant et imaginant des extraits de son œuvre 

JAD : Comment se prépare la transition à la direction artistique de Chants Libres ? 

PV : Nous sommes tous remplaçables. Souvent, les compagnies disparaissent à la retraite de leur directeur ou directrice artistique. Je considère que Chants Libres, avec ses 30 ans d’existence, représente une base solide sur laquelle construire encore. La création lyrique au Québec peut s’enorgueillir d’avoir un répertoire, un patrimoine et des archives que notre compagnie a contribué à construire. Il ne fallait pas que ça disparaisse ! 

J’ai trouvé en Marie-Annick une personne qui comprenait ma démarche et qui était partie prenante du milieu lyrique. La transition à la direction artistique a débuté il y a dix ans, mais aucune date butoir n’est fixée. C’est une transition qui se fait graduellement et Marie-Annick prend de plus en plus naturellement sa place. 

MAB : Quand j’assumerai la direction de Chants Libres, je compte maintenir la dynamique de travail en équipe que Pauline a instaurée. La recherche-création sera également au centre de ma démarche parce que l’attitude du chercheur et de la chercheuse en art lyrique doit être la même qu’en science. Nous procédons de façon assez similaire, en proposant une hypothèse pour résoudre un problème et en testant des solutions. 

DT : Si un cadeau vous tombait du ciel et qu’un ou une mécène faisait un don d’une somme astronomique à Chants Libres, quel projet aimeriez-vous réaliser ? 

MAB : Un souhait qui m’est cher est celui de créer un festival de création lyrique qui se tiendrait annuellement, dans l’esprit de ce que nous faisons avec Oper’Actuel et qui pourrait être accueilli par la maison d’opéra que deviendrait aussi Chants Libres. Ce serait là un moyen efficace d’encourager et de stimuler la création lyrique en plus de faire rayonner notre savoir-faire. 

PV : Si un don généreux devait être fait à Chants Libres, je réponds sans hésiter que cet argent servirait à faire de la compagnie une maison d’opéra de création, notre premier désir, c’est-à-dire un lieu dédié avec une salle de répétition et de concert, avec une troupe et un centre d’archives. J’ai toujours rêvé de donner cette vocation à la compagnie, mais on m’a toujours dit que ça ne fonctionnerait pas, de ne pas voir trop grand... Je ne peux qu’espérer que la génération suivante y parvienne. Pour moi, la raison d’être de Chants Libres est de défoncer des portes pour que les autres s’y engouffrent.  


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